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depuis qu’il a quitté les grands centres populeux et prospères, le voyageur se demande comment il se fait qu’un pareil endroit soit encore en dehors des communications par voie ferrée, et il reporte naturellement sa pensée vers les provinces d’Ontario, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, où nombre d’endroits, perdus encore il y a quelques années à peine dans les bois, mais où l’esprit d’entreprise et l’intelligence de l’avenir avaient su placer des espérances raisonnées et réfléchies, se voient dotés aujourd’hui d’embranchements qui les relient aux villes principales, et voient leur population s’accroître au point qu’ils deviennent bientôt eux-mêmes des villes de troisième ou de quatrième ordre. Nous sommes ici, monsieur le Premier, en présence d’une ville future importante. Jacques-Cartier, à son troisième voyage au Canada, avait remarqué et mentionné particulièrement le port de Matane ; plus tard, le capitaine Bayfield, qui a effectué des sondages dans toutes les parties du fleuve Saint-Laurent, et qui a dressé des cartes maritimes qui servent depuis lors à tous les navigateurs, déclarait qu’il n’y avait, sur toute la rive sud du bas Saint-Laurent, que deux ports de mer, l’un à Matane, l’autre au Bic : ce dernier, les navigateurs le redoutent, parce que le fleuve y cache, dans des profondeurs d’eau de dix à quinze brasses, d’énormes rochers qui sont autant d’écueils pour les