Page:Buies - Les comtés de Rimouski, de Matane et de Témiscouata, 1890.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 50 —

Il peut sembler puéril, au premier abord, de signaler un fait de ce genre, mais cette impression disparaît quand on réfléchit que c’est là un des nombreux traits caractéristiques de l’insouciance invétérée, de la négligence en quelque sorte voulue et arrêtée des gouvernements conservateurs, en tout ce qui concernait la colonisation et le progrès agricole de la province. On faisait en maints endroits des ébauches de chemins, on faisait travailler un certain nombre d’hommes, qu’on avait sous la main comme autant d’instruments électoraux, on faisait juste la quantité d’ouvrage nécessaire pour nourrir les bonnes dispositions et les espérances des diverses localités, on faisait ouvrir des chemins à tort et à travers, bien plus par faveur, par privilège ou par calcul politique, que pour satisfaire les besoins de la colonisation ; il en résultait que des localités à leurs débuts, que l’on avait leurrées des plus magnifiques promesses de chemins de colonisation pendant la période électorale, et que l’on abandonnait ensuite à elles-mêmes, se voyaient désertées rapidement de leurs premiers colons ou bien réduites à attendre dans la misère et la servitude qu’on voulût bien compléter les misérables chemins ébauchés naguère.

À ce propos, monsieur le Premier, on ne saurait trop insister sur un point essentiel, c’est qu’avec