Page:Buies - La presse canadienne-française et les améliorations de Québec, 1875.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 4 —

« Qu’il me soit permis de regretter qu’un pays aussi avancé sous le rapport matériel, et qui s’annonce comme devant disputer la palme aux Américains du Nord, n’ait fait sur lui-même et sur sa constitution physique que des recherches insuffisantes. J’espère que les Canadiens s’appliqueront à combler cette lacune. S’ils viennent à Paris assister au Congrès géographique, ils y rencontreront des gens avides de s’éclairer sur leur pays. Ils pourront alors dissiper toutes les conjectures. »

« Cette attente, » remarque l’Opinion Publique, « a dû être partagée par un grand nombre de personnes assurément. On ne pouvait supposer autre chose.

Le Canada s’abstenant d’assister au Congrès International de géographie, c’est comme si au moment d’un procès l’avocat d’une des parties faisait défaut. »

À cet appel fait à toutes les nations du monde, le Canada, seul peut-être, n’a pas répondu. Quelque temps auparavant, il s’était tenu un congrès analogue à Nancy. Il s’agissait pour ce congrès de réunir le plus grand nombre possible de documents qui fissent connaître l’histoire de l’Amérique avant sa découverte par Christophe Colomb ; or, cette histoire mérite d’être connue, car on a trouvé sur ce sol qu’il est convenu d’appeler vierge des traces d’une extrême antiquité et d’une civilisation éclatante ; eh bien ! cette fois encore, le Canada ne faisait aucune espèce de figure, il semblait ignorer même qu’il occupât une place sur notre planète. Il n’y avait donc pas un homme, dans toute cette vaste étendue, qui fût capable de se présenter dignement devant un congrès scientifique, et si cet homme existait, le gouvernement ne songeait même pas à lui confier cette mission. Pendant que tous les journaux étrangers donnaient des comptes-rendus des séances de ces deux congrès, notre presse canadienne était aussi muette qu’elle est bavarde tous les jours en se faisant l’écho de niaiseries qui