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Elle a fait égorger, en moins d’un siècle, trois millions d’indiens du Mexique, du Pérou, de Cuba, de la Colombie, etc…

Elle a institué, légalisé l’esclavage et la traite des noirs, dont elle percevait le cinquième des bénéfices.

Elle a mis Christophe Colomb aux fers ;

Elle n’a pas permis que des cultes autres que le culte catholique fussent exercés, et cela jusque sous le règne d’Isabelle.

Elle avait des collèges où l’on enseigne encore que c’est le soleil qui tourne autour de la terre ;

Elle a inondé l’Espagne de couvents, d’abbayes, de congrégations, de corporations religieuses de toutes sortes, qui prenaient le plus clair de l’argent du peuple…

Pendant qu’elle, la monarchie, livrée à tous les désordres, à tous les déshonneurs, couverte de toutes les souillures, trônait dans l’Escurial, de par la grâce de Dieu.

On a vu encore ceci après le succès de la révolution. La Banque, la Bourse, l’Hôtel de la Monnaie, les ministères, l’Hôtel-de-Ville et les grandes maisons de Madrid ont été gardés par des volontaires en guenilles, et pas un vol n’a été commis. Jamais la ville ne fut plus sûre ni plus paisible.

D’un autre côté, le général Calonge, un des exécuteurs de l’ex-reine, avait été pris et l’on parlait de le fusiller.

Alors la Junte de Valladolid reçut la dépêche suivante :

« La Junte de Santander remercie sincèrement celle de Valladolid de la résolution qu’elle a prise d’envoyer le général Calonge à Santander pour y être mis à la disposition du peuple ; mais le peuple de Santander, libéral, se refuse hautement à demander compte de ses actes à un malheureux qu’il plaint. En conséquence, nous vous prions de vouloir bien suspendre les ordres d’envoi relatifs à votre prisonnier. »

Ce sont là les excès de la révolution espagnole, sur lesquels le Nouveau-Monde fait des articles spéciaux depuis trois semaines.

Excès de générosité. Car le peuple, toujours bon enfant, ne prend jamais de précautions contre ses tyrans tombés.

Il leur pardonne, afin de leur ménager l’occasion de le faire fusiller de nouveau, quand ils seront rétablis, en guise de représailles.

L’Angleterre retire des colonies une grande partie de ses troupes. Elle veut réduire son effectif militaire. Le ministre américain, à Londres, a pour mission de régler pacifiquement tous les différends entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. La paix, une longue paix, est désormais assurée entre ces deux grandes nations.

C’est le moment de commencer les fortifications de Montréal et de jeter vingt autres millions dans celles de Lévis. Il faut montrer que nous n’avons pas peur.