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remèdes, comme le denier de Saint-Pierre, les indulgences… etc… mais la demande étant devenue hors de proportion avec l’offre, il est nécessaire de créer de nouveaux produits qui satisferont toutes les consciences avides.

Parmi les bénédictions célestes qui ont été prodiguées au Canada pour l’envoi à Rome de cent cinquante zouaves pontificaux, on remarque l’élévation de trois canadiens au grade de caporal.

En revanche, le Witness de Montréal affirme, d’après L’Écho d’Italia, que s’il y a trois zouaves canadiens caporaux, il y en a cent atteints de maladies honteuses, qu’il ne nomme pas, s’imaginant que les gens devineront de quelle maladie honteuse peut être affligée cette milice sanctifiée par toutes les bonnes œuvres.

Sans doute qu’en attendant l’occasion de les purifier par le feu des batailles, la Providence a voulu rappeler à ces soldats de la religion, de la vertu, de la morale chrétienne, de la pureté évangélique, qu’ils sont encore peccables et sujets à tous les maux de l’humanité généralement quelconques.

Ne pouvant me faire supprimer ni emprisonner, les journaux cléricaux ont entrepris de me rendre fou.

Deux peuples qui se font la guerre ont des instants de trêve ; deux ennemis acharnés, après un long combat, font la paix. Mais pas de répit, pas de trêve, pas de repos pour celui qui se bat avec les stupidités du Nouveau-Monde.

Il faut que ce journal cesse de paraître, ou je deviendrai fou. Oui, je vous le jure, je ne pourrai résister trois mois de plus à l’amas de platitudes qu’il imagine encore tous les jours, après en avoir expectoré pendant un an.

Depuis une semaine, il a trouvé moyen de nous administrer deux miracles, dans un siècle où l’on ne croit plus aux pilules.

Le premier a été fait pour le père d’un zouave pontifical qui, atteint d’une maladie mortelle, s’est guéri tout à coup, grâce à Saint-Joseph, et s’est mis à sauter comme une carpe.

Le second concerne les hommes de cages,[1]


dont l’un ayant dû son salut à la Sainte Vierge qu’il invoqua en pressant son scapulaire sur son cœur avec confiance, publia le fait à la louange de son auguste protectrice, et, dès le lendemain, plusieurs de ses compagnons se présentèrent au couvent vis-à-vis duquel avait eu lieu le naufrage, pour demander des scapulaires.

Dieu a daigné bénir ces nouveaux zouaves, ils n’ont éprouvé aucun accident cette année, tandis qu’ils ont vu plusieurs cages se briser dans des rapides qu’ils venaient de traverser.

C’est cette modeste fleur de dévouement et de reconnaissance envers le Cœur de Jésus que nous osons offrir à la bienveillance du Messager, afin que, par son moyen, le parfum s’en exhale à la gloire de ce divin Cœur. — Messager du Cœur de Jésus.

  1. On appelle communément « cages » des trains de bois.