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LXXV
PAR VICQ D’AZYR.

plantes que Tournefort et Vaillant avoient recueillies et conservées ; mais aujourdhui ce que les fouilles les plus profondes et les voyages les plus étendus ont découvert de plus curieux et de plus rare s’y montre rangé dans un petit espace. L’on y remarque surtout ces peuples de quadrupèdes et d’oiseaux qu’il a si bien peints ; et se rappelant comment il en a parlé, chacun les considère avec un plaisir mêlé de reconnoissance. Tout est plein de lui dans ce temple, où il assista, pour ainsi dire, à son apothéose ; à l’entrée, sa statue, que lui seul fut étonné d’y voir, atteste la vénération de sa patrie, qui, tant de fois injuste envers ses grands hommes, ne laissa pour la gloire de M. de Buffon rien à faire à la postérité.

La même magnificence se déploie dans les jardins. L’école, l’amphithéâtre, les serres, les végétaux, l’enceinte elle-même, tout y est renouvelé, tout s’y est étendu, tout y porte l’empreinte de ce grand caractère, qui, repoussant les limites, ne se plut jamais que dans les grands espaces et au milieu des grandes conceptions. Des collines, des vallées artificielles, des terrains de diverse nature, des chaleurs de tous les degrés y servent à la culture des plantes de tous les pays. Tant de richesse et de variété rappellent l’idée de ces monts fameux de l’Asie, dont la cime est glacée, tandis que les vallons situés à leur base sont brûlants, et sur lesquels les températures et les productions de tous les climats sont rassemblées.

Une mort douloureuse et lente a terminé cette belle vie. À de grandes souffrances M. de Buffon opposa un grand courage. Pendant de longues insomnies, il se félicitoit d’avoir conservé cette force de