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ART. VII. PRODUCTION DES LITS DE TERRE.

males ou végétales réduites en petites molécules dans lesquelles l’organisation n’est plus sensible.

Ainsi, dans le premier état de la terre, le globe étoit, à l’intérieur, composé d’une matière vitrifiée, comme je crois qu’il l’est encore aujourd’hui ; au dessus de cette matière vitrifiée se sont trouvées les parties que le feu aura le plus divisées, comme les sables qui ne sont que des fragments de verre ; et au dessus de ces sables, les parties les plus légères, les pierres ponces, les écumes, et les scories de la matière vitrifiée, ont surnagé et ont formé les glaises et les argiles : le tout étoit recouvert d’une couche d’eau[1] de 5 ou 600 pieds d’épaisseur, qui fut produite par la condensation des vapeurs, lorsque le globe commença à se refroidir ; cette eau déposa partout une couche limoneuse, mêlée de toutes les matières qui peuvent se sublimer et s’exhaler par la violence du feu, et l’air fut formé des vapeurs les plus subtiles qui se dégagèrent des eaux par leur légèreté, et les surmontèrent.

Tel étoit l’état du globe, lorsque l’action du flux et reflux, celle des vents et de la chaleur du soleil, commencèrent à altérer la surface de la terre. Le mouvement diurne, et celui du flux et reflux, élevèrent d’abord les eaux sous les climats méridionaux : ces eaux entraînèrent et portèrent vers l’équateur le limon, les glaises, les sables ; et en élevant les parties de l’équateur, elles abaissèrent peut-être peu à peu celles des pôles, de cette différence d’environ deux lieues

  1. Cette opinion, que la terre a été entièrement couverte d’eau, est celle de quelques philosophes anciens, et même de la plupart des Pères de l’Église.