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THÉORIE DE LA TERRE.

cette navigation, qui n’a jamais été faite, fût périlleuse : et il est probable qu’on trouveroit dans cette traversée de nouvelles terres : car ce qui nous reste à connoitre du côté du pôle austral est si considérable, qu’on peut sans se tromper l’évaluer à plus d’un quart de la superficie du globe ; en sorte qu’il peut y avoir dans ces climats un continent terrestre aussi grand que l’Europe, l’Asie, et l’Afrique, prises toutes trois ensemble.

Comme nous ne connoissons point du tout cette partie du globe, nous ne pouvons pas savoir au juste la proportion qui est entre la surface de la terre et celle de la mer ; seulement, autant qu’on en peut juger par l’inspection de ce qui est connu, il paroît qu’il y a plus de mer que de terre.

Si l’on veut avoir une idée de la quantité énorme d’eau que contiennent les mers, on peut supposer une profondeur commune et générale à l’Océan ; et en ne la faisant que de deux cents toises ou de la dixième partie d’une lieue, on verra qu’il y a assez

    sine de l’Amérique ; il est parti de la pointe même de l’Amérique, le 30 janvier 1769, et il a parcouru un grand espace sous le 60e degré, sans avoir trouvé des terres. On peut voir, dans la carte qu’il en a donnée, l’étendue de mer qu’il a reconnue, et sa route démontre que s’il existe des terres dans cette partie du globe, elles sont fort éloignées du continent de l’Amérique, puisque la Nouvelle-Zélande, située entre le 35e et le 45e degré de latitude, en est elle-même très éloignée : mais il faut espérer que quelques autres navigateurs, marchant sur les traces du capitaine Cook, chercheront à parcourir ces mers australes sous le 50e degré, et qu’on ne tardera pas à savoir si ces parages immenses, qui ont plus de deux mille lieues d’étendue, sont des terres ou des mers ; néanmoins je ne présume pas qu’au delà du 50e degré dans les régions australes ces terres soient assez tempérées pour que leur découverte pût nous être utile. (Add. Buff.)