Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
THÉORIE DE LA TERRE.

sité de Saturne seroit environ comme 4 718, et celle de Jupiter comme 14 1722 au lieu de 67 et de 94 12, différence trop grande pour que le rapport entre la densité et la chaleur que les planètes ont à supporter, puisse être admis : ainsi, malgré la confiance que méritent les conjectures de Newton, je crois que la densité des planètes a plus de rapport avec leur vitesse qu’avec le degré de chaleur qu’elles ont à supporter[1]. Ceci n’est qu’une cause finale, et l’autre est un rapport physique dont l’exactitude est singulière dans les

  1. J’ai dit que malgré la confiance que méritent les conjectures de Newton, la densité des planètes a plus de rapport avec leur vitesse qu’avec le degré de chaleur qu’elles ont à supporter.

    Par l’estimation que nous avons faite dans les mémoires précédents, de l’action de la chaleur solaire sur chaque planète, on a dû remarquer que cette chaleur solaire est en général si peu considérable, qu’elle n’a jamais pu produire qu’une très légère différence sur la densité de chaque planète ; car l’action de cette chaleur solaire, qui est foible en elle-même, n’influe sur la densité des matières planétaires qu’à la surface même des planètes, et elle ne peut agir sur la matière qui est dans l’intérieur des globes planétaires, puisque cette chaleur solaire ne peut pénétrer qu’à une très petite profondeur. Ainsi la densité totale de la masse entière de la planète n’a aucun rapport avec celle chaleur qui lui est envoyée du soleil.

    Dès lors il me paroît certain que la densité des planètes ne dépend en aucune façon du degré de chaleur qui leur est envoyée du soleil, et qu’au contraire cette densité des planètes doit avoir un rapport nécessaire à leur vitesse, laquelle dépend d’un autre rapport qui me paroît immédiat : c’est celui de leur distance au soleil. Nous avons vu que les parties les plus denses se sont moins éloignées que les parties les moins denses dans le temps de la projection générale. Mercure, qui est composé des parties les plus denses de la matière projetée hors du soleil, est resté dans le voisinage de cet astre, tandis que Saturne, qui est composé des parties les plus légères de cette même matière projetée, s’en est le plus éloigné. Et comme les planètes les plus distantes du soleil circulent autour de cet astre avec plus de vitesse que les planètes les plus voisines, il s’ensuit que leur densité a un rapport médiat