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THÉORIE DE LA TERRE.

dans les carrières de marbre ou de pierre dure, de trouver des fentes perpendiculaires, éloignées seulement de quelques pieds : si la masse des rochers est fort grande, on les trouve éloignées de quelques toises, quelquefois elles descendent depuis le sommet des rochers jusqu’à leur base, souvent elles se terminent à un lit inférieur du rocher ; mais elles sont toujours perpendiculaires aux couches horizontales dans toutes les matières calcinables, comme les craies, les marnes, les pierres, les marbres, etc., au lieu qu’elles sont plus obliques et plus irrégulièrement posées dans les matières vitrifiables, dans les carrières de grès et les rochers de caillou, où elles sont intérieurement garnies de pointes de cristal et de minéraux de toute espèce ; et dans les carrières de marbre ou de pierre calcinable, elles sont remplies de spar, de gypse, de gravier, et d’un sable terreux, qui est bon pour bâtir, et qui contient beaucoup de chaux ; dans les argiles, dans les craies, dans les marnes, et dans toutes les autres espèces de terre, à l’exception des tufs, on trouve ces fentes perpendiculaires, ou vides, ou remplies de quelques matières que l’eau y a conduites.

Il me semble qu’on ne doit pas aller chercher loin la cause et l’origine de ces fentes perpendiculaires : comme toutes les matières ont été amenées et déposées par les eaux, il est naturel de penser qu’elles étoient détrempées et qu’elles contenoient d’abord une grande quantité d’eau ; peu à peu elles se sont durcies et ressuyées, et en se desséchant elles ont diminué de volume, ce qui les a fait fendre de distance en distance : elles ont dû se fendre perpendiculairement, parce que l’action de la pesanteur des parties