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L’HISTOIRE NATURELLE.

les systèmes qui ont été faits pour les animaux sont encore plus défectueux que les méthodes de botanique : car, comme nous l’avons déjà insinué, on a voulu prononcer sur la ressemblance et la différence des animaux en n’employant que le nombre des doigts ou ergots, des dents, et des mamelles ; projet qui ressemble beaucoup à celui des étamines, et qui est en effet du même auteur.

Il résulte de tout ce que nous venons d’exposer, qu’il y a dans l’étude de l’histoire naturelle deux écueils également dangereux : le premier, de n’avoir aucune méthode ; et le second, de vouloir tout rapporter à un système particulier. Dans le grand nombre de gens qui s’appliquent maintenant à cette science, on pourroit trouver des exemples frappants de ces deux manières si opposées, et cependant toutes deux vicieuses. La plupart de ceux qui, sans aucune étude précédente de l’histoire naturelle, veulent avoir des cabinets de ce genre, sont de ces personnes aisées, peu occupées, qui cherchent à s’amuser, et regardent comme un mérite d’être mises au rang des curieux : ces gens là commencent par acheter, sans choix, tout ce qui leur frappe les yeux ; ils ont l’air de désirer avec passion les choses qu’on leur dit être rares et extraordinaires : ils les estiment au prix qu’ils les ont acquises ; ils arrangent le tout avec complaisance, ou l’entassent avec confusion, et finissent bientôt par se dégoûter. D’autres, au contraire, et ce sont les plus savants, après s’être rempli la tête de noms, de phrases, de méthodes particulières, viennent à en adopter quelqu’une, ou s’occupent à en faire une nouvelle, et, travaillant ainsi toute leur vie sur une même ligne et