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MANIÈRE D’ÉTUDIER

équivoque et incertain ; et l’on a abandonné avec raison cette méthode. D’autres sont venus ensuite, qui, croyant faire mieux, ont dit : Il faut, pour connoître les plantes, s’attacher aux parties les plus apparentes ; et comme les feuilles sont ce qu’il y a de plus apparent, il faut arranger les plantes par la forme, la grandeur, et la position des feuilles. Sur ce projet, on a fait une autre méthode ; on l’a suivie pendant quelque temps : mais ensuite on a reconnu que les feuilles de presque toutes les plantes varient prodigieusement selon les différents âges et les différents terrains ; que leur forme n’est pas plus constante que leur grandeur, que leur position est encore plus incertaine. On a donc été aussi peu content de cette méthode que de la précédente. Enfin quelqu’un a imaginé, et je crois que c’est Gesner, que le Créateur avoit mis dans la fructification des plantes un certain nombre de caractères différents et invariables, et que c’étoit de ce point qu’il falloit partir pour faire une méthode ; et comme cette idée s’est trouvée vraie jusqu’à un certain point, en sorte que les parties de la génération des plantes se sont trouvées avoir quelques différences plus constantes que toutes les autres parties de la plante prises séparément, on a vu tout d’un coup s’élever plusieurs méthodes de botanique, toutes fondées à peu près sur ce même principe. Parmi ces méthodes, celle de M. de Tournefort est la plus remarquable, la plus ingénieuse, et la plus complète. Cet illustre botaniste a senti les défauts d’un système qui seroit purement arbitraire : en homme d’esprit, il a évité les absurdités qui se trouvent dans la plupart des autres méthodes de ses contemporains, et il a fait ses distri-