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DISCOURS ACADÉMIQUES.

impressions sacrées : mais comme ces caractères divins sont gravés en traits de flamme, leur éclat perce et colore de son feu le voile qui nous les déroboit ; alors il brille à tous les yeux et sans les offenser. Bien différent de l’éclat de la gloire, qui toujours nous frappe par éclairs, et souvent nous aveugle, celui de la vertu n’est qu’une lumière bienfaisante qui nous guide, qui nous éclaire, et dont les rayons nous vivifient.

Accoutumée à jouir en silence du bonheur attaché à l’exercice de la sagesse, occupée sans relâche à recueillir la rosée céleste de la grâce divine, qui seule nourrit la piété, cette âme vertueuse et modeste se suffit à elle-même : contente de son intérieur, elle a peine à se répandre au dehors ; elle ne s’épanche que vers Dieu. La douceur et la paix, l’amour de ses devoirs, la remplissent, l’occupent tout entière ; la charité seule a droit de l’émouvoir ; mais alors son zèle, quoique ardent, est encore modeste ; il ne s’annonce que par l’exemple ; il porte l’empreinte du sentiment tendre qui le fit naître ; c’est la vertu, seulement devenue plus active.

Tendre piété ! vertu sublime ! vous méritez tous nos respects ; vous élevez l’homme au dessus de son être, vous l’approchez du Créateur, vous en faites sur la terre un habitant des cieux. Divine modestie ! vous meniez tout notre amour ; vous faites seule la gloire du sage, vous faites aussi la décence du saint état des ministres de l’autel : vous n’êtes point un sentiment acquis par le commerce des hommes ; vous êtes un don du ciel, une grâce qu’il accorde en secret à quelques âmes privilégiées, pour rendre la vertu plus aimable ;