Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Faujas de Saint-Fond a très bien observé toutes les matières produites par les volcans : ses recherches assidues et suivies pendant plusieurs années, et pour lesquelles il n’a épargné ni soins, ni dépenses, l’ont mis en état de publier un grand et bel ouvrage sur les volcans éteints, dans lequel nous puiserons le reste des faits que nous avons à rapporter, en les comparant avec les précédents.

Il a découvert, dans les volcans éteints du Vivarais, les mêmes pouzzolanes grises, jaunes, brunes et roussâtres qui se trouvent au Vésuve et dans les autres terrains volcanisés de l’Italie : les expériences faites dans les bassins du jardin des Tuileries, et vérifiées publiquement, ont confirmé l’identité de nature de ces pouzzolanes de France et d’Italie, et on peut présumer qu’il en est de même des pouzzolanes de tous les autres volcans.

Cet habile naturaliste a remarqué dans une lave grise, pesante et très dure, des cristaux assez gros, mais confus, lesquels, réduits en poudre, ne faisaient aucune effervescence avec l’acide nitreux, mais se convertissaient au bout de quelques heures en une gelée épaisse, ce qui annonce, dit-il, que cette matière est une espèce de zéolithe ; mais je dois observer que ce caractère par lequel on a voulu désigner la zéolithe est équivoque, car toute matière mélangée de vitreux et de calcaire se réduira de même en gelée. Et d’ailleurs, cette réduction en gelée n’est pas un indice certain, puisqu’en augmentant la quantité de l’acide, on parvient aisément à dissoudre la matière en entier.

Le même M. de Saint-Fond a observé que le fer est très abondant dans toutes les laves, et que souvent il s’y présente dans l’état de rouille, d’ocre ou de chaux ; on voit en effet des laves dont les surfaces sont revêtues d’une couche ocreuse produite par la décomposition du fer qu’elles contenaient, et où d’autres couches ocreuses, encore plus décomposées, se convertissent ultérieurement en une terre argileuse qui happe à la langue[1].

Ce même naturaliste rapporte, d’après M. Pazumot, qu’on a d’abord trouvé des zéolithes

    un fond noir d’un grain serré ; et au milieu de ces échantillons on démêle aisément le quartz qui reste en cristaux ou intacts, ou éclatés par lames, ou réduits à une couleur d’un blanc terne, comme le quartz blanc rougi au feu et refroidi subitement. » — Le quartz n’est point en cristaux dans les granits de nature, c’est le feldspath qui seul y est en cristaux rhomboïdaux : ainsi le quartz ne peut pas rester en cristaux intacts, etc., dans les basaltes. Cette même remarque doit s’étendre sur ce qui suit. — « J’ai deux morceaux de granit, dit cet académicien, dont une partie est totalement fondue, pendant que l’autre n’est que faiblement altérée… On y suit des bandes alternatives et distinctes de quartz qui est cuit à blanc, et du spath fusible (feldspath) qui est fondu et noir. L’examen des granits fondus à moitié donne lieu de reconnaître que plusieurs espèces de pierres dures, quelques pierres de vérole, certaines ophytes, ne sont que des granits dont la base, qui est le spath fusible (feldspath), a reçu un degré de fusion assez complet, ce qui en fait le fond, et dont les taches ne sont produites que par les cristaux quartzeux du granit non altéré. » Mémoires de l’Académie des sciences, année 1773, p. 705 jusqu’à 756.

  1. Il m’a remis, pour le Cabinet du Roi, une très belle collection en ce genre, dans laquelle on peut voir tous les passages du basalte noir le plus dur à l’état argileux. Les différents morceaux de cette collection présentent toutes les nuances de sa décomposition : l’on y reconnaît de la manière la plus évidente, non seulement toutes les modifications du fer, qui en se décomposant a produit les teintes les plus variées, mais l’on y voit jusqu’à des prismes bien conformés, entièrement convertis en substance argileuse, de manière à pouvoir être coupés avec un couteau aussi facilement que la terre à foulon, tandis que le schorl noir, renfermé dans les prismes, n’a éprouvé aucune altération.

    Un fait digne de la plus grande attention, c’est que, dans certaines circonstances, les eaux s’infiltrant à travers ces laves à demi décomposées, ont entraîné leurs molécules ferrugineuses, et les ont déposées et réunies sous la forme d’hématites dans les cavités adjacentes ; alors les laves terreuses, dépouillées de leur fer, ont perdu leur couleur, et ne se présentent plus que comme une terre argileuse et blanche, sur laquelle l’aimant n’a plus d’action.