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traire, ne produisent des perles que dans les climats les plus chauds ; car dans la Méditerranée, qui nourrit de très grandes huîtres, non plus que dans les autres mers tempérées et froides, ces coquillages ne forment point de perles. La production des perles a donc besoin d’une dose de chaleur de plus ; elles se trouvent très abondamment dans les mers chaudes du Japon[1], où certaines patelles produisent de très belles perles. Les oreilles

    vient à être heurté par des corps durs ou par des secousses un peu fortes, cette liqueur, alors environnée par l’eau qui est entrée par l’ouverture, forme, pour ainsi dire, un corps étranger ; ce corps étranger suit tous les mouvements du fluide qui l’environne, et même ceux que l’animal lui imprime, ce qui, par un frottement continuel, lui donne de la rondeur, et un beau poli…

    Mais les perles sont rares, et sur vingt mille moules à peine en trouve-t-on quelques-unes qui aient les signes caractéristiques dont j’ai parlé ; les grosses et de belle eau sont très rares, celles de couleur brune le sont moins.

    Presque toutes les autres rivières de la Lorraine fournissent des moules à perles, entre autres l’étang de Saint-Jean près Nancy ; mais elles sont beaucoup plus petites et plus colorées que celles de la Vologne. M. Villemet, doyen des apothicaires de Nancy, qui est l’auteur de cet écrit, a envoyé quatre perles de cette rivière, dont trois de la grosseur d’un pois, deux parfaitement rondes, lisses, polies, de belle eau ; une plus grosse, ovale ; la quatrième, du quart de grosseur des premières, a une couleur noire très foncée et très luisante, et elle a le même poli que celles de l’étang Saint-Jean de Nancy, et les autres n’excèdent pas en grosseur une tête d’épingle, quelques-unes celle d’un petit grain de plomb, et il y en a deux réunies l’une à l’autre ; leur couleur ne peut être comparée à celles de la Vologne.

    « Nous sommes convaincus, dit M. l’abbé Rozier, que, si l’on observait plus attentivement les moules d’eau douce qu’on rencontre dans différents endroits, on y trouverait des perles ; quelques moules des rivières d’Écosse et de Suède en fournissent. » Rolfincius parle de celles du Nil ; Kriger, de celles de Bavière ; Welsch, de celles des marais près d’Augsbourg. Journal de physique de M. l’abbé Rozier, mois d’août 1775, p. 145 et suiv. — « Les perles des fleuves de Laponie, dit Schœffer, n’acquièrent une exacte rondeur qu’à mesure qu’elles se perfectionnent : lorsqu’elles ne sont pas mûres, une partie est ronde et l’autre partie est plate. Ce dernier côté est pâle ou d’une couleur rousse, morte et obscure, tandis que l’autre qui est rond a toute la beauté et la netteté d’une perle parfaite. Elles ne viennent pas, comme en Orient, dans des coquillages larges, plats et presque ronds, telles que sont ordinairement les écailles d’huîtres ; mais les coquilles qui les contiennent sont comme celles des moules, et c’est dans les rivières qu’on les pêche. Les perles imparfaites, c’est-à-dire qui ne sont pas absolument formées, sont inhérentes aux coquilles, et on ne les détache qu’avec peine, au lieu que celles qui ont acquis leur perfection ne tiennent à rien, et tombent d’elles-mêmes dès qu’on ouvre l’écaille qui les contient. — La rivière de Saghalian, dans le pays des Tartares Mantchoux, reçoit celle de San-pira, celle de Kafin-pira, et plusieurs autres qui sont renommées pour la pêche des perles. Les pêcheurs se jettent dans ces petites rivières et prennent la première moule qui se trouve sous leur main. — On pêche aussi des perles dans les rivières qui se jettent dans la Nonninla et dans le Sangari, telles que l’Arom et le Nemer, sur la route de Tsitsckar à Merghen. On assure qu’il ne s’en trouve jamais dans les rivières qui coulent à l’ouest du Sanghalian-ula, vers les terres des Russes. Quoique ces perles soient beaucoup vantées par les Tartares, il y a apparence qu’elles seraient peu estimées en Europe, parce qu’elles ont des défauts considérables dans la forme et dans la couleur. L’empereur en a plusieurs cordons de cent perles ou plus, toutes semblables et d’une grosseur considérable ; mais elles sont choisies entre des milliers, parce qu’elles lui appartiennent toutes. » Histoire générale des Voyages, t. VI, p. 562. — À l’est de la province de Tebeth est la province de Kaindu, qui porte le nom de sa capitale, où il y a un lac salé qui produit tant de perles qu’elles n’auraient aucune valeur s’il était libre de les prendre, mais la loi défend, sous peine de mort, d’y toucher sans la permission du grand-khan. Voyage de Marc-Paul en 1272, dans l’Histoire générale des Voyages, t. VII, p. 331.

  1. Les côtes de Saikokf (au Japon) sont couvertes d’huîtres et d’autres coquillages qui