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description. Enfin, dans un autre Mémoire, le même académicien expose très bien les différents procédés de la cuisson du charbon de terre dans le Lyonnais, et l’usage qu’on en fait pour les mines de cuivre à Saint-Bel[1].

    boucher les plus grandes ouvertures qui proviennent de la dégradation de la maçonnerie, car il faut toujours laisser un passage à l’air, sans lequel le charbon ne pourrait brûler. L’ouverture qui est au-dessus du fourneau, et qu’on peut appeler cheminée, est destinée pour la sortie de la fumée, et par conséquent pour l’évaporation du bitume ; l’embouchure de cette cheminée n’est pas toujours également ouverte. La science de l’ouvrier consiste à ménager le courant de la fumée, sans quoi il risquerait de consumer les cinders à mesure qu’ils se forment : la règle qu’on suit à cet égard, comme la plus sûre, est de n’ouvrir la cheminée qu’autant qu’il le faut pour que la fumée ne ressorte point par la porte : pour cela, on a une grande brique que l’on pousse plus ou moins sur l’ouverture, à mesure que l’évaporation avance, et que, par conséquent, le volume de la fumée diminue ; à la fin, on bouche presque entièrement l’ouverture de la cheminée.

    Cette opération dure trente à quarante heures ; mais communément on ne retire les cinders qu’au bout de quarante-huit heures : le charbon, réduit en cinders, forme dans le fourneau une couche d’une seule masse, remplie de fentes et de crevasses, disposées en rayons perpendiculaires au sol du fourneau, de toute l’épaisseur de la couche. On pourrait aussi les comparer à des briques placées de champ : quoique le tout fasse corps, il est aisé de le diviser pour le retirer du fourneau ; à cet effet, lorsque l’ouvrier a ouvert la porte, il met une barre de fer en travers devant l’ouverture, afin de supporter un rable de fer avec lequel il attire une certaine quantité de cinders hors du fourneau, sur lesquels un autre ouvrier jette un peu d’eau : ils prennent ensuite chacun une pelle de fer en forme de grille, afin que les cendres et les menus cinders puissent passer au travers : ils éloignent ainsi de l’embouchure du fourneau les cinders, qui achèvent de s’éteindre par le seul contact de l’air.

    Le fourneau n’est pas plus tôt vide qu’on y met de nouveau charbon nécessaire pour une seconde opération ; et, comme ce fourneau est encore très chaud et même rouge, le charbon s’y enflamme aussitôt, et le procédé se conduit comme ci-devant.

    On estime à un quart le déchet du charbon dans cette opération, c’est-à-dire le déchet du volume ; quant au poids, il est bien moindre.

    Les cendres qu’on retire du fourneau sont passées à la claie, sur une claie de fer, pour en séparer les petits morceaux de cinders, lesquels sont vendus séparément. Voyages métallurgiques, par M. Jars, dixième Mémoire, p. 209.

  1. Après avoir formé un plan horizontal sur le terrain, on arrange le charbon, morceau par morceau, pour en composer une pile d’une forme à peu près semblable à celle que l’on donne aux allumèles pour faire du charbon de bois, et de la contenue d’environ cinquante à soixante quintaux : il est nécessaire de ne point donner à ces charbonnières trop d’élévation, quoique dans le même diamètre ; l’inconvénient serait encore plus grand, si on avait placé indifféremment le charbon de toute grosseur.

    Une charbonnière construite de cette manière peut et doit avoir dix, douze et jusqu’à quinze pieds de diamètre, et deux pieds et demi au plus de hauteur dans le centre. Au sommet de la charbonnière on ménage une ouverture d’environ six à huit pouces de profondeur, destinée à recevoir le feu qu’on y introduit avec quelques charbons allumés quand la pile est arrangée ; alors on la recouvre, et on peut s’y prendre de diverses manières.

    La meilleure et la plus prompte, c’est d’employer de la paille et de la terre franche qui ne soit pas trop sèche : toute la surface de la charbonnière ce couvre de cette paille, mise assez serrée pour que l’épaisseur d’un bon pouce de terre et pas davantage, placé dessus, ne tombe pas entre les charbons, ce qui nuirait à l’action du feu. On peut suppléer au défaut de paille par des feuilles sèches, lorsqu’on est dans le cas de s’en procurer : j’ai aussi essayé de me servir de gazon ou mottes, mais il n’en a pas résulté un bon effet.

    Une autre méthode qui, attendu la cherté et la rareté de la paille, est mise en pratique