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l’Allemagne[1], et les relateurs nous assurent qu’on en a rencontré en Norvège et en Groenland[2]. Ces pierres sont aussi très communes dans quelques îles de l’Archipel, où il paraît qu’on les emploie depuis longtemps à faire des vases et de la vaisselle[3].

On pourrait se persuader, en lisant les citations que je viens de rapporter en notes, qu’il est nécessaire d’employer de l’huile pour donner aux pierres ollaires de la dureté et plus de solidité, d’autant que Théophraste et Pline ont assuré ce fait comme une vérité ; mais M. Pott a démontré le premier que cet endurcissement des pierres ollaires se faisait également sans huile et par la seule action du feu. Cet habile chimiste a fait une longue et savante dissertation sur ces pierres ollaires et sur les stéatites en général[4] ; il dit avec raison qu’elles offrent un grand nombre de variétés[5] ; il indique les principaux

    Côme en Italie, sont enduites, avant que d’en faire usage, d’une pâte faite avec de la farine, du vin et des œufs.

    La stéatite de Salvert est bonne pour détacher : cette pierre convient avec celle de Bareuth dont parle M. Pott. On ne connaissait point cette pierre en France, à ce que je crois, avant que M. Dutour l’eût découverte ; il dit que la pierre des calumets du Canada est du même genre ; il en a vu une qui est d’un beau rouge. La chaîne des pierres glaiseuses de l’Auvergne est intermédiaire au pays des pierres calcaires et à ceux des pierres vitrifiables. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1759.

  1. Mylius fait mention d’une semblable pierre ollaire que l’on trouve en Saxe, dans la forêt de Schmied-Feld auprès de Suld, qui d’abord est molle, mais qui, étant mise au feu, prend la dureté du verre.
  2. Il ne manque pas non plus, dit M. Pott, de stéatites en Norvège, comme on en peut juger par ce vase de pierre de talc de Norvège, épais, pesant, d’une couleur cendrée, avec une anse de fer, dont parle le Musæum Wormianum, ajoutant que c’est dans de semblables pots que les Norvégiens cuisent leurs viandes, parce qu’ils soutiennent fort bien la violence du feu, et que la pierre dont ils sont faits, étant originairement molle, se laisse creuser et reçoit toutes sortes de figures, jusque-là qu’ils bâtissent des fourneaux avec des lames compactes de cette pierre. J’avais aussi appris, par la mission de Groenland de M. Egède, qu’il s’y trouve une pierre de cette espèce d’une couleur mélangée : je l’appelle pierre molle, weichstein. Elle est abondante en Groenland, et les habitants en font des chaudrons et des lampes, quoique l’auteur même veuille faire passer ces vases pour être de marbre. Mémoires de l’Académie de Berlin, cités ci-dessus. — Dans le Groenland, on trouve en plusieurs endroits, et surtout à Balsriver, une pierre tendre dont on fait de la vaisselle ; elle est rayée de plusieurs veines, et on l’appelle communément weichstein ; elle se trouve en veines étroites et profondes entre les rochers, et la meilleure est celle qui est d’un beau vert de mer, rayée de rouge, de jaune et d’autres couleurs ; mais ces raies ont rarement quelque transparence ; cette pierre, quoique fort tendre, est compacte et très pesante. Comme on ne la trouve point en couches, et qu’elle ne peut s’enlever ni par écailles ni par feuilles, il est difficile de la tailler en quartiers sans qu’elle se réduise en grumeaux ; elle est douce et grasse au toucher, comme le suif ou le savon ; étant frottée d’huile, elle a le luisant et le poli du marbre, elle ne devient point poreuse à l’air, et prend de la consistance au feu : les Groenlandais en ont même des ustensiles et des lampes ; on en envoie de la vaisselle en Danemark, et la cuisine que l’on y fait est saine et de bon goût. M. Crantz lui donne la préférence sur celle du lac de Côme. Histoire générale des voyages, t. XIX, p. 28.
  3. On trouve dans l’île de Sifanto, appelée anciennement Siphnos, une espèce de pierre qu’on peut tourner et creuser facilement, de sorte qu’on en fait des pots et de la vaisselle pour cuire les aliments et les servir sur table. Ce qu’elle a de plus singulier, c’est qu’elle devient dure et noire en la frottant avec l’huile chaude, bien qu’elle soit naturellement fort tendre et fort molle. Description de l’Archipel, par Dapper ; Amsterdam, 1703, p. 357.
  4. Voyez les Mémoires de l’Académie de Berlin, année 1747, depuis la page 57 jusqu’à la page 78.
  5. « Les espèces diffèrent en couleurs, dit M. Pott : il y en a de jaunes, de cendrées, de blanchâtres, avec quelques veines mélangées par-ci par-là ; l’espèce blanchâtre est la