Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/576

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le voisinage de la plupart des grandes montagnes vitreuses de l’un et de l’autre continent[1] : on en a trouvé non seulement en Italie et en Suisse, mais en France, dans les montagnes de l’Auvergne[2] ; il y en a aussi dans quelques provinces de

    des taches blanches, et on en fait usage pour les fourneaux, même pour ceux où l’on entretient un feu continuel ; elle est plus blanche et plus tendre dans la vallée de Verzasca. Les différences de couleur et de dureté dans cette pierre la rapprochent beaucoup de celle du Canada que j’ai dit être une pierre ollaire, et, si elle en diffère, ce n’est certainement qu’en très peu de chose… La montagne Royale et plusieurs autres endroits de la Suisse ont une pierre talqueuse cendrée qui se lève par tables ; celle que j’ai examinée, et qui était de la montagne Royale, était composée de paillettes de moyenne grandeur, d’un beau blanc argenté, et liées par une matière spatheuse ou quartzeuse ; l’autre pourrait bien être un schiste, puisqu’elle se lève par tables… Le canton de Zurich ne manque pas de pierres talqueuses dont le fond est rougeâtre, mêlé de parties de talc dorées ou argentées ; une de cette nature que j’ai vue, et qui se trouve, suivant M. Cappeller, dans plusieurs endroits de la Suisse, était par lits d’une ou deux lignes entrecoupés par des lits de talc plus minces et d’un rouge cuivreux. Les environs de Zurich en ont une qui est employée dans les bâtiments, et qui a du talc cendré ; proche Sukenen en Tennaker, ce talc est blanc On trouve des blocs de talc d’un jaune d’or à Bulach. » Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 325 et suiv.

  1. M. Guettard croit qu’on trouverait dans le Canada un grand nombre de pierres qui pourraient être travaillées comme les pierres ollaires : il cite celle qui se trouve au cap Tourmente, à dix lieues de Québec, au nord du fleuve Saint-Laurent ; une autre au cap aux Oies proche la baie Saint-Paul, au nord du même fleuve ; d’autres dans les montagnes de la baie des Châteaux, côtes de Labrador, au nord de l’île de Terre-Neuve, et au sud-ouest des terres du Groenland, sur les bords de la mer. Idem, p. 202 et suiv. — « J’ai vu, dit M. Pott, une pierre ollaire assez dure qui vient de Pensylvanie… l’Allemagne en possède aussi. La contrée de Bareuth en Franconie en fournit assez abondamment pour qu’elle se répande de là presque par toute l’Allemagne : on l’appelle sur les lieux schmeerstein ou mealbatz ; mais coupée en petits bâtons oblongs, les marchands la nomment craie d’Espagne. Gaspard Bruschius est le premier qui en ait fait mention, il y a déjà près de deux cents ans. Thierscheim, dit cet auteur, est un bourg situé sur la rivière de Tittersbach, à un demi-mille d’Artzbourg, moitié chemin entre Égra et Wundsidel. Il se fait tous les ans dans cet endroit une quantité prodigieuse de petites boules à jouer pour les enfants, et même de boulets pour les canons de fonte. La matière en est une terre tenace et fraîche que les habitants nomment schmeerstein, et qu’ils creusent partout à l’entour de leur bourg… Ils la font durcir au feu, et en envoient de pleins chariots à Nuremberg, d’où le débit s’en fait par toute l’Allemagne… »

    Bruckmann, parlant de la même matière, dit qu’on en fait des boîtes à poudre, des cruches, des beurrières, des tasses pour le thé et le café, en la préparant au feu ; qu’il se trouve dans cette pierre des dendrites où la figure de l’arbre se conserve au feu. Mémoires de l’Académie de Berlin, année 1744, p. 57 et suiv.

  2. De toutes les pierres glaiseuses, la plus singulière est celle de Salvert, qui est une vraie stéatite ou pierre ollaire, qui peut s’employer comme celle de Côme, pour faire des vaisseaux propres à aller au feu : suivant M. Dutour, cette pierre est douce et comme grasse au toucher, assez pesante, de couleur de cendre et susceptible d’être sciée ; exposée au feu, elle blanchit et exhale une odeur semblable à celle qu’exhale de la pâte mise sur des charbons ; elle y durcit, s’imbibe dans l’eau ; détrempée avec l’eau, on la pétrit aisément ; elle est composée d’un peu de sable vitrifiable mêlé avec beaucoup de terre pétrissable ou d’argile. M. Dutour en a fait quelques vases au tour, et il s’aperçut que l’eau suintait à travers un de ces vases, parce qu’il y avait de petites fentes qui disparurent peu de temps après que l’eau fut versée, et que celle qui était engagée dans les fentes eut achevé de s’évaporer : mais ce vase plongé dans l’huile d’olive, et porté ensuite dans un four de boulanger pendant la cuisson du pain, les fentes disparurent pour toujours. Pline attribue à l’huile d’olive la propriété d’endurcir les vases de la pierre de Siphne. Les chaudières de pierre, que l’on fait à