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poudingues de France les plus remarquables et les plus variés par leurs nuances sont ceux qu’on rencontre sur le chemin de Pontoise à Gisors, et ceux du gué de Lorrey : les cailloux que renferment ces poudingues sont assez gros, et leur ciment est blanc ou brun.

Au reste, tous les poudingues sont opaques ainsi que les cailloux et ce sont, avec les grès, les dernières concrétions quartzeuses : nous avons présenté successivement, et à peu près dans l’ordre de leur formation, les extraits cristallisés du quartz, du feldspath et du schorl, ensuite leurs stalactites demi-transparentes, et enfin les jaspes et les concrétions opaques de toutes ces matières vitreuses. Nous ne pouvons pas suivre la même marche pour les concrétions du mica, parce qu’à l’exception du talc qui est transparent, et dont nous avons déjà parlé[1], les concrétions de ce cinquième verre primitif sont presque toutes sans transparence.


STALACTITES ET CONCRÉTIONS DU MICA

La première et la plus pure de ces concrétions est le talc qui n’est formé que par de petites parcelles de mica demi-dissoutes, ou du moins assez atténuées pour faire corps ensemble et se réunir en lames minces par leur affinité. Les micas blancs et colorés produisent, par leur agrégation, des talcs qui présentent les mêmes couleurs et qui ne diffèrent des micas qu’en ce qu’ils sont en lames plus étendues et plus douces au toucher. Le talc est donc la plus simple de toutes les concrétions de ce verre primitif ; mais il y a un grand nombre d’autres substances micacées dont l’origine est la même et dont les différences ne proviennent que du mélange de quelques autres matières qui leur ont donné plus de solidité que n’en ont les micas et les talcs purs : telles sont les pierres auxquelles on a donné le nom de stéatites parce qu’elles ont quelque ressemblance avec le suif par leur poli gras et comme onctueux au toucher. La poudre de ces pierres stéatites, comme celle du talc, s’attache à la peau et paraît l’enduire d’une sorte de graisse : cet indice, ou plutôt ce caractère particulier, démontre évidemment que le talc domine dans la composition de toutes les stéatites dont les principales variétés sont les jades, les serpentines, les pierres ollaires, la craie d’Espagne, la pierre de lard de la Chine et le crayon noir ou la molybdène, auxquelles on doit encore ajouter l’asbeste, l’amiante, ainsi que le cuir et le liège de montagne : toutes ces substaces, quoi qu’en apparence très différentes entre elles, tirent également leur origine de la décomposition et de l’agrégation du mica ; ce ne sont que des modifications de ce verre primitif plus ou moins dissous, et souvent mélangé d’autres matières vitreuses, qui, dans plusieurs de ces pierres, ont réuni les particules micacées de plus près qu’elles ne le sont dans les talcs, et leur ont donné plus de consistance et de dureté ; car toutes ces stéatites, sans même en excepter le jade dans son état de nature, sont plus tendres que les pierres qui tirent leur origine du quartz, du jaspe, du feldspath et du schorl ; parce que des cinq verres primitifs, le mica est celui qui, par son essence, a le moins de solidité, et que même il diminue celle des substances dans lesquelles il se trouve incorporé, ou plutôt disséminé.

Toutes les stéatites sont plus ou moins douces au toucher, ce qui prouve qu’elles contiennent beaucoup de parties talqueuses ; mais le talc n’est, comme nous l’avons dit, que du mica atténué par l’impression des éléments humides : aussi, lorsqu’on fait calciner du talc[2] ou de la poudre de ces pierres stéatites, le feu leur enlève également cette pro-

  1. Voyez les articles du Mica et du Talc.
  2. Les stéatites ont beaucoup de rapport avec les pierres ollaires : leur onctuosité est telle que, lorsqu’on les touche, elles produisent la même sensation qu’occasionne une pierre