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singularité de leurs herborisations. Les cailloux d’Oldenbourg sont aussi très remarquables : on leur a donné le nom de cailloux œillés, parce qu’ils présentent des taches en forme d’œil.

On a prétendu que les agates, ainsi que les cailloux, renfermaient souvent des plantes, des mousses, etc., et l’on a même donné le nom d’herborisations à ces accidents, et le nom de dentrites aux pierres qui présentent des tiges et des ramifications d’arbrisseaux : cependant cette idée n’est fondée que sur une apparence trompeuse, et ces noms ne portent que sur la ressemblance grossière et très disproportionnée de ces prétendues herborisations avec les herbes réelles auxquelles on voudrait les comparer ; et, dans le vrai, ce ne sont ni des végétations, ni des végétaux renfermés dans la pierre, mais de simples infiltrations d’une matière terreuse ou métallique dans les délits ou petites fentes de sa masse[1] ; l’observation et l’expérience en fournissent également des preuves que M. Mongez a nouvellement rassemblées et mises dans un grand jour[2] : ainsi les agates et les cailloux herborisés ne sont que des agates et des cailloux moins solides, plus fêlés que les autres ; ce seraient des pierres irisées si la substance du caillou était transparente, et si d’ailleurs ces petites fentes n’étaient pas remplies d’une matière opaque qui intercepte la lumière.

    ment bien fait et grand, qui avait une cicatrice à un côté, et, l’ayant ouvert, le cœur navré était peint aux deux côtés ; un autre avait de grands ceps de vigne avec les pampres ; un autre représentait une tête de mort dedans un lieu enfoncé comme une caverne, avec des flammes ou fumées tout autour, et d’autres avaient diverses figures moins parfaites, mais fort curieuses. » Journal des voyages de Monconys ; Lyon, 1645, première partie, p. 250.

  1. L’on a confondu souvent, et mal à propos, des fils talqueux et d’amiante, et des dissolutions métalliques, avec des poils, des mousses, des lichens qu’on a cru voir dans les agates et les cailloux. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1776, p. 684. — On trouve aux environs de Châteauroux plusieurs dendrites ou pierres herborisées ; on les tire d’une carrière de moellons située à vingt-cinq ou trente pas de la rivière d’Indre, elles sont à quinze ou vingt pieds de profondeur, et on les y rencontre en très grande abondance. La pierre se fend aisément par lits ; c’est par l’intervalle qui est entre ces lits que la matière colorante s’est insinuée, car ce n’est qu’en défendant la pierre qu’on aperçoit l’espèce de peinture qu’elle a formée. Il y en a quelques-unes qu’on aurait bien de la peine à imiter. Histoire de l’Académie des sciences, année 1775, p. 16.
  2. On doit attribuer l’origine des herborisations à des infiltrations. M. Mongez appuie ce sentiment sur ce qu’on a trouvé des masses d’argile et d’autres matières dont l’intérieur était herborisé, et qui se partageaient constamment dans l’endroit de ces herborisations : ainsi le silex, les agates et les pierres herborisées ne devront les diverses figures de mousses et de plantes dont elles sont ornées qu’à une matière déposée par l’infiltration dans leurs fentes, qui, quoique très difficiles à apercevoir à l’aide du microscope dans les agates, sont néanmoins sensibles dans les enhydres du Vicentin. En effet, ces petites géodes de calcédoines perdent facilement par l’évaporation l’eau qu’elles contiennent. Les place-t-on ensuite dans une éponge imbibée d’eau, elles reprennent à la longue le liquide qu’elles avaient perdu. Cette perte et cette absorption alternatives démontrent l’existence des fentes ou suçoirs qui fuient l’œil de l’observateur. Toutes les géodes elles-mêmes qui forment un vide produit par l’évaporation de l’eau de cristallisation contiennent aussi des fentes, et on en voit qui, dans leur rupture, montrent l’entrée et l’issue du fluide. On peut donc assurer constamment que les pierres herborisées, de quelque nature qu’elles soient, ont offert aux sucs colorants des fentes capables de les recevoir et de produire l’effet des tubes capillaires.

    M. Mongez a fait quelques recherches sur la nature de ces sucs. Les uns charrient une argile brunâtre très accentuée, et leurs traces se décolorent au feu ; telles sont les argiles et les marnes herborisées de Cavireau près d’Orléans, et de Châteauroux en Berri. On en voit de bitumineuses que le feu fait entièrement disparaître. La troisième espèce, enfin, est due à des chaux martiales, et le phlogistique des charbons suffit pour les revivifier. Journal de physique, mai 1781, p. 387 et suiv.