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de Bosrup, les couches supérieures laissent apercevoir sensiblement un tissu ligneux, et on y trouve une terre d’ombre[1] mêlée avec le charbon ; il y a dans la Westrogothie une mine d’alun où l’on trouve du charbon, dont M. Morand a vu quelques morceaux qui présentaient un reste de nature ligneuse, au point que dans quelques-uns on croit reconnaître le tissu du hêtre[2].

Dans un discours très intéressant sur les productions de la Russie, l’auteur donne les indications des mines de charbon de terre qui se trouvent dans cette contrée[3].

En Sibérie, à quelque distance de la petite rivière Selowa, qui tombe dans le fleuve Lena, on trouve une mine de charbon de terre : elle est située vis-à-vis d’une île appelée Beresowi ; elle s’étend horizontalement fort loin, et son épaisseur est de dix à onze pouces ; le charbon n’est pas de bonne qualité, car, tant qu’il est dans la terre, il est ferme, mais aussitôt qu’il est exposé à l’air, il tombe par morceaux[4].

À la Chine, le charbon de terre est aussi commun et aussi connu qu’en Europe, et de tout temps les Chinois en ont fait usage, parce que le bois leur manque presque partout, preuve évidente de l’ancienneté de leur nombreuse population[5]. Il en est de même du

  1. Cette terre bitumineuse, appelée quelquefois momie-végétale, est tantôt solide, tantôt friable, et se trouve en beaucoup d’endroits ; il s’en rencontre derrière les bains de Freyenwald, dans un endroit nommé le Trou Noir.
  2. Du charbon de terre, par M. Morand, p. 89.
  3. Nous avons des charbons de terre en plusieurs endroits ; on en trouve auprès de l’Argoun, à Tscatboutschinskaya et auprès de la Chilka, à dix werstes au-dessus de la forge de Chilka, dans le district de Nertschink ; auprès de l’Angara, au-dessous d’Irkoutsk et auprès du Kitoï, à quinze werstes avant qu’il se jette dans l’Angara, près de Kitoïs-Koïslanitz ; dans le voisinage du Jéniséï et d’Abakanskoi-ostrog, près du fleuve d’Abakan, dans la montagne Isik ; de même à dix werstes de Krasnoyarsk, près du Jésinéï ; à Krontoï-logh ; à Koltschedanskoi-ostrog, près du fleuve d’Iset ; auprès du fleuve de Belaya, à cinq werstes du village de Konsetkonlova ; à Kizyliak, dans le district d’Ousa ; auprès du fleuve de Syryansk, dans le village du même nom ; dans le district de Koungour, à la droite du Volga ; à Gorodiztsche, à vingt werstes au-dessus de Sinbirsk, et en plusieurs endroits à deux cents werstes au-dessous de cette ville, principalement entre Kaspour et Boghayarlenskoye, monastère auprès du fleuve de Toretz ; à Balka, Skalewayace ; et auprès du fleuve de Belayalonghan, dans le district de Baghmont ; à Niask, dans le gouvernement de Varonege ; auprès de Lokka, dans le voisinage de Katonga ; enfin à Krestzkoiyam, auprès du fleuve de Kresnetscha, et auprès du petit fleuve de Kroubitza, qui se jette dans la Msta, dans la chaîne des montagnes de Valdai, etc. Discours sur les productions de la Russie, par M. Guldenstaed. Pétersbourg, 1776, p. 52.
  4. Histoire générale des Voyages, tome XVIII, p. 303.
  5. On ne connaît pas de pays aussi riche que la Chine en mines de charbon : les montagnes, surtout celles des provinces de Chensi, de Chami et de Pecheli, en renferment un grand nombre… Le charbon qui se brûle à Pékin et qui s’appelle moui vient de ces mêmes montagnes, à deux lieues de cette ville : depuis plus de quatre mille ans, elles en fournissent à la ville et à la plus grande partie de la province, où les pauvres s’en servent pour échauffer leurs poêles. Sa couleur est noire ; on le trouve entre les rochers en veines fort profondes : quelques-uns le broient, surtout parmi le peuple ; ils en mouillent la poudre et la mettent comme en pains. Ce charbon ne s’allume pas facilement, mais il donne beaucoup de chaleur et dure fort longtemps au feu ; la vapeur en est quelquefois si désagréable qu’elle suffoquerait ceux qui s’endorment près des poêles, s’ils n’avaient pas la précaution de tenir près d’eux un bassin rempli d’eau, qui attire la fumée et qui en diminue beaucoup la puanteur. Ce charbon est à l’usage de tout le monde, sans distinction de rang, car le bois est d’une extrême rareté : on s’en sert de même dans les fourneaux pour fondre le cuivre ; mais les ouvriers en fer trouvent qu’il rend ce métal trop dur. Histoire générale des Voyages, tome VI, p. 486.