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On trouve aux environs de Vétine, petite ville des États du roi de Prusse, plusieurs mines de charbon ; elles sont situées sur le plateau d’une colline fort étendue ; elles sont au nombre de plus de vingt actuellement en exploitation : une de ces mines qui a été visitée par M. Jars, et qui est à trois quarts de lieue de Vétine, à trente-neuf toises de profondeur, savoir, vingt-six toises depuis la surface de la terre jusqu’à la première veine de charbon, onze toises depuis cette première jusqu’à la seconde, et deux toises depuis la seconde jusqu’à la troisième, ce qui varie néanmoins très souvent par les dérangements que les veines éprouvent dans leur inclinaison, et qui les rapprochent plus ou moins, surtout les inférieures, qui sont quelquefois immédiatement l’une sur l’autre.

La première couche a jusqu’à huit pieds d’épaisseur ; la seconde deux pieds et demi ; la troisième un pied et demi ou deux pieds : on traverse plusieurs bancs de rochers pour parvenir au charbon, surtout un rocher rouge qui paraît être une terre sablonneuse durcie, mêlée de mica blanc ; un rocher blanchâtre, semé aussi de mica blanc, se trouve plus près des veines et les sépare entre elles ; ce rocher y forme des creins qui quelquefois les coupent presque entièrement. Le rocher qui sert de toit au charbon est bleuâtre ; c’est une espèce d’argile durcie, qui contient des empreintes de plantes, surtout de fougères. Celui du mur est sablonneux, d’un blanc noirâtre. Ces rochers s’attendrissent à l’air et s’y effleurissent. Les veines ont leur direction sud-est, nord-ouest, et leur pente du côté du midi. Le charbon est un peu pyriteux, mais paraît être d’assez bonne qualité. Dans la première veine, on remarque un lit de quelques pouces d’épaisseur qui suit toujours le charbon, et qui divise la veine en deux parties : c’est un charbon très pierreux.

À Dielau, la plus grande profondeur de la mine que l’on exploite est à quarante toises. Le charbon se trouve dans un filon tantôt incliné, tantôt presque perpendiculaire, et qui est coupé et détourné quelquefois par des creins. Le rocher dans lequel ce filon se trouve est semblable à celui de Vétine.

À Gibienstein, situé à une demi-lieue de la ville de Halle en Saxe, on a trouvé une veine de charbon qui paraissait au jour et qui a plusieurs pieds d’épaisseur ; on n’a point encore reconnu son inclinaison ni sa direction. Le charbon qu’on en tire est peu bitumineux, et mêlé avec beaucoup de pyrites ; il ressemble fort à celui de Lay en Bourbonnais[1]. M. Hoffmann dit que cette mine s’étend bien loin sous une grande partie de la ville et du faubourg, ensuite dans les campagnes vers le midi jusqu’au bourg de Lieben, où on la rencontre souvent en faisant des puits, de même qu’à Dielau à une lieue et demie de Halle. Sa texture est semblable à celle d’un amas de morceaux de bois en copeaux[2].

En Espagne, il y a des mines de charbon de terre dans plusieurs provinces, et particulièrement en Galice, aux Asturies, dans le royaume de Léon et aussi dans la basse Andalousie près de Séville, dans la Nouvelle-Castille, et même auprès de Madrid[3]. M. le Camus de Limare, l’un de nos plus habiles minéralogistes, a fait ouvrir le premier cette mine de charbon près de Madrid, et il a eu la bonté de me communiquer la notice que je joins ici[4].

  1. Voyages métallurgiques, par M. Jars, p. 314 jusqu’à 320.
  2. Oryctographia Halensis. Hoffmann, oper. supplem. pars 2 ; Genevæ, p. 13, cité par M. Morand, p. 448.
  3. Du charbon de terre, etc., par M. Morand, p. 448.
  4. « La mine de charbon qu’on exploite dans la basse Andalousie est située à six lieues au nord de Séville, dans le territoire du bourg de Villanueva-del-Rio, sur le bord de la rivière de Guezna, qui se jette dans le Guadalquivir : la veine a sa direction du levant au couchant, et son inclinaison de soixante-cinq à soixante-dix degrés au nord ; son épaisseur varie depuis trois pieds jusqu’à quatre pieds et demi : elle fournit de très bon charbon, quand on sait le séparer des nerfs et des parties terreuses dont les veines sont toujours