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quelquefois des opales dans les pouzzolanes et dans les terres jetées par les volcans ; M. Ferber en a observé, comme M. de Bondaroy, dans les terrains volcanisés du Vincentin[1] : ces faits suffisent pour nous démontrer que les opales sont des pierres de seconde formation, et leurs reflets chatoyants nous indiquent que c’est aux stalactites du feldspath qu’on doit les rapporter.

Quoique plusieurs auteurs aient regardé le girasol comme une sorte d’opale, nous nous croyons fondés à le séparer non seulement de l’opale, mais même de toutes les autres pierres vitreuses : c’est en effet une pierre précieuse dont la dureté et la densité sont presque doubles de celles de l’opale et égales à celles des vraies pierres précieuses[2].



PIERRES IRISÉES

Après ces pierres chatoyantes dont les couleurs sont flottantes et dans lesquelles les reflets de lumière paraissent uniformes, il s’en trouve plusieurs autres dont les couleurs variées ne dépendent ni de la réflexion extérieure de la lumière, ni de sa réfraction dans l’intérieur de ces pierres, mais des couleurs irisées que produisent tous les corps lorsqu’ils sont réduits en lames extrêmement minces : les pierres qui présentent ces couleurs sont toutes défectueuses ; on peut en juger par le cristal de roche irisé qui n’est qu’un cristal fêlé ; il en est de même du feldspath irisé ; les couleurs qu’ils offrent à l’œil ne viennent que du reflet de la lumière sur les lames minces de leurs parties constituantes, lorsqu’elles ont été séparées les unes des autres par la percussion ou par quelque autre cause. Ces pierres irisées sont étonnées, c’est-à-dire fêlées dans leur intérieur ; elles n’ont que peu ou point de valeur, et on les distingue aisément des vraies pierres chatoyantes par le faible éclat et le peu d’intensité des couleurs qu’elles renvoient à l’œil : le plus souvent même, la fêlure ou séparation des lames est sensible à la tranche et visible jusque dans l’intérieur du morceau. Au reste, il y a aussi du cristal irisé seulement à sa superficie, et cette iris superficielle s’y produit par l’exfoliation des petites lames de sa surface, de même qu’on le voit dans notre verre factice longtemps exposé aux impressions de l’air.

Au reste, la pierre iris de Pline, qui semblerait devoir être spécialement notre cristal irisé, n’est pourtant que le cristal dans lequel les anciens avaient observé la réfraction de la lumière, la division des couleurs, en un mot tous les effets du prisme[3], sans avoir su en déduire la théorie.


    de ces opales et je l’ai jetée dans l’eau sans être parvenu à faire apparaître la bulle… J’ai cassé une de ces opales qui avait eu une bulle et qui l’avait perdue, et j’ai observé qu’elle était creuse et qu’il y avait dans l’intérieur une jolie cristallisation, mais point d’eau et aucun conduit ni fente par lesquels cette eau aurait pu s’échapper.

    J’ai rompu une seconde opale où je voyais aisément le mouvement d’une bulle, et je me suis assuré qu’elle était presque remplie d’une eau claire, limpide, et qui m’a paru insipide. Mémoires de M. Fougeroux de Bondaroy, dans ceux de l’Académie des sciences, année 1776, p. 628 et suiv.

  1. Lettres sur la minéralogie, p. 24 et 25.
  2. Voyez, plus loin, l’article du Girasol.
  3. Seulement il est singulier que Pline, pour nous décrire cet effet, ait recours à un cristal de la mer Rouge, tandis que la première aiguille de cristal des Alpes pouvait également le lui offrir. « Iris effoditur in quâdam insulâ maris Rubri quæ distat a Berenice urbe sexaginta millia, cæterâ suâ parte cristallus, itaque quidam radicem cristalli esse dixerunt. Vocatur ex argumento iris. Nam sub tecto percussa sole species et colores arcûs cœlestis in proximos parietes ejeculatur, subinde mutans magnâque varietate admirationem sui augens. Sexangulum esse, ut cristallum, constat… Colores vero non nisi ex opaco reddunt, nec ut ipsæ habeant, sed ut repercussu parietum elidant : optimaque quæ maximos arcus facit, simillimosque cœlestibus. » Lib. xxxvii, no 52.