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DES STALACTITES VITREUSES


Chaque matière peut fournir son extrait, soit en vapeurs, soit par exsudation ou stillation ; chaque masse solide peut donc produire des incrustations sur sa propre substance ou des stalactites, qui d’abord sont attachées à sa surface et peuvent ensuite s’en séparer ; il doit par conséquent se former autant de stalactites différentes qu’il y a de substances diverses. Et, comme nous avons divisé toutes les matières du globe en quatre grandes classes, nous suivrons la même division pour les extraits de ces matières, et nous présenterons d’abord les stalactites vitreuses, dont nous n’avons donné que de légères indications en traitant des verres primitifs et des substances produites par leur décomposition ; nous exposerons ensuite les stalactites calcaires, qui sont moins dures et moins nombreuses que celles des matières vitreuses, et desquelles nous avons donné quelques notions en parlant de l’albâtre. Nous offrirons en troisième ordre les stalactites de la terre limoneuse, dont les extraits nous paraissent tenir le premier rang dans la nature par leur dureté, leur densité et leur homogénéité ; après quoi, nous rappellerons en abrégé ce que nous avons dit au sujet des stalactites métalliques, lesquelles ne sont pas des extraits du métal même, mais de ses détriments ou de ses minerais, et qui sont toujours mélangées de parties vitreuses, calcaires ou limoneuses ; enfin nous jetterons un coup d’œil sur les produits des volcans et des matières volcanisées, telles que les laves, les basaltes, etc.

Mais, pour mettre de l’ordre dans les détails de ces divisions et répandre plus de lumière sur chacun des objets qu’elles renferment, il faut considérer de nouveau et de plus près les propriétés des matières simples, dont toutes les autres ne sont que des mélanges ou des compositions différemment combinées : par exemple, dans la classe des matières vitreuses, les cinq verres primitifs sont les substances les plus simples, et, comme chacun de ces verres peut fournir son extrait, il faut d’abord les comparer par leurs propriétés essentielles, qui ne peuvent manquer de se trouver dans leurs agrégats et même dans leurs extraits ; ces mêmes propriétés nous serviront dès lors à reconnaître la nature de ces extraits et à les indiquer les uns des autres.

La première des propriétés essentielles de toute matière est, sans contredit, la densité, et, si nous en comparons les rapports, on verra qu’elle ne laisse pas d’être sensiblement différente dans chacun des cinq verres primitifs ; car :

La pesanteur spécifique du quartz est d’environ 26 500, relativement au poids supposé 10 000 de l’eau distillée ;

La pesanteur spécifique des jaspes de couleur uniforme est d’environ 27 000 ;

Celle du mica blanc est aussi d’environ 27 000, et celle du mica noir est de 29 000 ;

Celle du feldspath blanc, qui est un peu plus pesant que le rouge, est de 26 466 ;

Et enfin la pesanteur spécifique du schorl est la plus grande de toutes, car le schorl cristallisé pèse 33 ou 34 000.

En comparant ces rapports, on voit que le quartz et le feldspath ont à peu près la même densité, qu’ensuite les jaspes et les micas sont un peu plus denses et à peu près dans