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418), et néanmoins, on n’en a jamais tiré un atome de cuivre. Je dois cependant observer que M. Bergman dit ensuite que le nickel est quelquefois uni au cuivre.

Cronstedt est le premier qui en ait tiré un régule nouveau en 1751 (Actes de Stockholm).

M. Sage le regarde comme du cobalt mêlé de fer, d’arsenic et de cuivre (Mémoires de chimie, 1772).

M. Monnet pense aussi que c’est du cobalt impur (Traité de la dissolution des métaux).

Le kupfer-nickel perd à la calcination près d’un tiers, et quelquefois moitié de son poids par la dissipation de l’arsenic et du soufre : ce minéral devient d’autant plus vert qu’il est plus riche. Si on le pulvérise et qu’on le pousse à la fusion dans un creuset avec trois parties de flux noir, on trouve sous les scories noirâtres et quelquefois bleues un culot métallique du poids du dixième, du cinquième ou même près de moitié de la mine crue : ce régule n’est pas pur, il tient encore un peu de soufre et une plus grande quantité d’arsenic, de cobalt et encore plus de fer magnétique.

L’arsenic adhère tellement à ce régule, que M. Bergman l’ayant successivement calciné et réduit cinq fois, il donnait encore l’odeur d’ail à une sixième calcination quand on y ajoutait de la poussière de charbon pour favoriser l’évaporation de l’arsenic.

À chaque réduction, il passe un peu de fer dans les scories : à la sixième, le régule avait une demi-ductilité, et était toujours sensible à l’aimant.

Dans les différentes opérations faites par M. Bergman pour parvenir à purifier le nickel, soit par les calcinations, soit en le traitant avec le soufre, il a obtenu des régules dont la densité variait depuis 70 828, jusqu’à 88 751[1]. Ces régules étaient quelquefois très cassants, quelquefois assez ductiles pour qu’un grain d’une ligne de diamètre formât une plaque de trois lignes sur l’enclume ; ils étaient plus ou moins fusibles, et souvent aussi réfractaires que le fer forgé, et tous étaient non seulement attirables à l’aimant, mais même il a observé qu’un de ces régules attirait toutes sortes de fer, et que ses parties s’attiraient réciproquement : ce même régule donne, par l’alcali volatil, une dissolution de couleur bleue.

M. Bergman a aussi essayé de purifier le nickel par le foie de soufre, qui a une plus grande affinité avec le cobalt qu’avec le nickel ; et il est parvenu à séparer ainsi la plus grande partie de ce dernier : le régule de nickel, obtenu après cette dissolution par le foie de soufre, ne conserve guère son magnétisme ; mais on le lui rend en séparant les matières hétérogènes qui, dans cet état, couvrent le fer.

Il a de même traité le nickel avec le nitre, le sel ammoniac, l’alcali volatil, et par la dissolution dans l’acide nitreux et la calcination par le nitre, il l’a privé de presque tout son cobalt ; le sel ammoniac en a séparé un peu de fer ; mais le nickel retient toujours une certaine quantité de ce métal ; et M. Bergman avoue avoir épuisé tous les moyens de l’art, sans pouvoir le séparer entièrement du fer.

Le régule de nickel contient quelquefois du bismuth ; mais on les sépare aisément en faisant dissoudre ce régule dans l’acide nitreux, et précipitant le bismuth par l’eau.

M. Bergman a encore observé que le nickel donne au verre la couleur d’hyacinthe, et il conclut de ses expériences :

1o Qu’il est possible de séparer tout l’arsenic du nickel ;

2o Que, quoiqu’il tienne quelquefois du cuivre, il est également facile de le purifier de ce mélange ; et que, quoiqu’il donne la couleur bleue avec l’alcali volatil, cette propriété ne prouve pas plus l’identité du cuivre et du nickel, que la couleur jaune des dissolutions d’or et de fer dans l’eau régale ne prouve l’identité de ces métaux ;

  1. La pesanteur spécifique du régule de nickel, suivant M. Brisson, est de 78 070, ce qui est un terme moyen entre les pesanteurs spécifiques 70 828 et 88 751, données par M. Bergman.