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quintal trente-cinq livres de cobalt, deux livres de fer, cinquante-cinq livres d’arsenic et huit livres de soufre[1].

Nous sommes aussi presque assurés que le cobalt se trouve en Asie, et sans doute dans toutes les parties du monde, comme les autres matières produites par la nature ; car le très beau bleu des porcelaines du Japon et de la Chine démontre que très anciennement on y a connu et travaillé ce minéral[2].

Dans les morceaux de mine de cobalt que l’on rassemble dans les cabinets, il s’en trouve de toute couleur et de tout mélange, et l’on ne connaît aucun cobalt pur dans sa mine ; il est souvent mêlé de bismuth, et toujours la mine contient du fer quelquefois mélangé de zinc, de cuivre, et même d’argent tenant or, et presque toujours encore la mine est combinée avec des pyrites et beaucoup d’arsenic. De toutes ces matières, la plus difficile à séparer du cobalt est celle du fer : leur union est si intime qu’on est obligé de volatiliser le fer en le faisant sublimer plusieurs fois par le sel ammoniac qui l’enlève plus facilement que le cobalt ; mais ce travail ne peut se faire en grand.

On voit des morceaux de minerai dans lesquels le cobalt est décomposé en une sorte de céruse ou de chaux : on trouve aussi quelquefois de l’argent pur en petits filets ou en poudre palpable dans la mine de cobalt ; mais, le plus souvent, ce métal n’y est point apparent, et d’ailleurs n’y est qu’en trop petite quantité pour qu’on puisse l’extraire avec profit. On connaît aussi une mine noire vitreuse de cobalt dans laquelle ce minéral est en céruse ou en chaux, qui paraît être minéralisée par l’action du foie de soufre dans lequel le cobalt se dissout aisément.


DU NICKEL

Il se trouve assez souvent, dans les mines de cobalt, un minéral qui ne ressemble à aucun autre et qui n’a été reconnu que dans ce dernier temps : c’est le nickel. M. Demeste dit « que, quand le cuivre et l’arsenic se trouvent joints au fer dans la mine de cobalt, il en résulte un minéral singulier qui, dans sa fracture, est d’un gris rougeâtre et qui a pour ainsi dire son régule propre, parce que, dans ce régule, le cobalt adhère tellement aux substances métalliques étrangères dont il est mêlé, qu’on n’a pas hésité d’en faire sous le nom de nickel un demi-métal particulier[3]. » Mais cette définition du nickel n’est point exacte, car le cuivre n’entre pas comme partie essentielle dans sa composition, et même il ne s’y trouve que très rarement. M. Bergman est de tous les chimistes celui qui a répandu le plus de lumière sur la nature de ce minéral qu’il a soumis à des épreuves aussi variées que multipliées. Voici les principaux résultats de ses recherches et de ses expériences.

Hierne, dit-il, est le premier qui ait parlé du kupfer-nickel, dans un ouvrage sur les minéraux, publié en suédois en 1694.

Henckel l’a regardé comme une espèce de cobalt ou d’arsenic mêlé de cuivre (Pyritol., ch. VII et VIII).

Cramer a aussi placé le kupfer-nickel dans les mines de cuivre (Docimast., § 371 et

  1. Lettres de M. Demeste, t. II, 144.
  2. Quelques personnes prétendent que c’est par un mélange du lapis-lazuli que les Chinois donnent à leurs porcelaines la belle couleur bleue. M. de Bomare est dans cette opinion. Voyez sa Minéralogie, t. II, p. 36 et suiv. ; mais je ne la crois pas fondée, car le lapis, en se vitrifiant, ne conserve pas sa couleur.
  3. Lettres du docteur Demeste, t. II, p. 139.