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ner et le polir pour faire des plateaux d’encrier, des tablettes, etc. L’on aperçoit sur certains morceaux des couches concentriques, comme on en trouverait dans un tronçon de bois. Ce charbon brûle facilement et se réduit en cendres[1].

On doit encore ajouter à ces charbons d’Angleterre celui qu’on appelle flint-coal, parce qu’il est aussi dur que la pierre, et que ses fractures sont luisantes comme celles du verre. La veine de ce charbon a deux à trois pieds d’épaisseur, et se trouve dans les environs de la Severn au-dessous de la veine principale qui fournit le best-coal, ou le meilleur charbon : il faut y joindre aussi le flew-coal des mines de Wedgbery, dans la province de Stafford.

Il est fait mention dans les Transactions philosophiques, de Londres, année 1683, de quelques mines de charbon, de leur inclinaison, etc. M. Beaumont en cite six, qui probablement n’en font qu’une, puisqu’on les trouve toutes dans un espace de cinq milles d’Angleterre au nord de Stony-Easton. il a vu, dit-il, dans l’une de ces mines, une fente ou crevasse, dont les parois étaient chargées d’empreintes de végétaux, et une autre fente tout enduite d’un bronze pyriteux formant des espèces de dendrites : dans quelques-unes de ces mines, les lits horizontaux étaient comme dorés du soufre qu’elles contiennent ; il observe, comme chose en effet singulière, qu’on a trouvé deux ou trois cents livres de bonne mine de plomb dans l’une de ces mines de charbon. Il ajoute que de l’autre côté de Stony-Easton, c’est-à-dire au sud-est, à deux milles de distance, on voit le commencement d’une mine de charbon, dont la première veine se divise en plusieurs branches à la distance de quatre milles vers l’Orient ; que cette mine, dont on tire beaucoup de charbon, exhale continuellement des vapeurs enflammées qui s’élèvent quelquefois jusqu’à son ouverture, et qui ont été funestes à nombre de personnes. C’est probablement au feu de ces vapeurs, lorsqu’elles s’enflamment, qu’on doit attribuer cette poussière de soufre qui dore les lits de ces veines de charbon, car on n’a trouvé du soufre en nature que dans les mines dont les vapeurs se sont enflammées, ou qui ont été elles-mêmes embrasées ; on y voit des fleurs de soufre adhérentes à leurs parois, et sous ces fleurs de soufre il se trouve quelquefois une croûte de sel ammoniaque.

Les fameuses mines de Newcastle ont été examinées et décrites par M. Jars, de l’Académie des sciences, très habile minéralogiste[2] : il décrit aussi quelques autres mines ;

  1. Du charbon de terre, par M. Morand, p. 3 et suiv.
  2. On rencontre ordinairement un lit de roc noirâtre au-dessus et au-dessous de la couche de charbon : on peut mettre ce roc au rang des schistes vitrioliques ; ensuite on a différentes hauteurs de couches de charbon, cinq, six, sept, huit, et quelquefois une seule à cent toises, qui est la plus grande profondeur qui ait été exploitée jusqu’à présent dans le pays…

    On trouve aussi dans plusieurs endroits des couches de pierre à chaux… dont l’épaisseur varie d’une très petite distance à l’autre… On méprise toutes les couches de charbon qui n’ont pas deux pieds et demi d’épaisseur… Quelquefois, dans une couche épaisse de huit pieds, il y a deux ou trois lits différents, c’est-à-dire que la couche est divisée par une espèce de schiste ou charbon pierreux de quelques pouces d’épaisseur… Le charbon que l’on tire à trente ou quarante toises de profondeur est meilleur que celui qu’on tire à cent toises : on rencontre souvent des couches d’un pied à un pied et demi d’épaisseur que l’on traverse et qu’on ne peut exploiter, quoique la qualité du charbon en soit souvent bien supérieure à celle des couches inférieures. Voyages métallurgiques, par M. Jars, p. 188 et 189.

    Ce charbon de Newcastle se détache quelquefois, au moyen de coins de fer, par gros morceaux, et c’est le plus estimé. Idem, ibidem, p. 192.

    Le charbon de Newcastle n’est pas également bon dans toutes les veines ; il y est plus ou moins bitumineux, sulfureux et pierreux. Cette dernière espèce est très commune : elle se vend à bas prix et s’emploie pour les machines à feu ; mais, en général, ce qu’on nomme