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grises et jaunâtres sont mêlées d’arsenic ; les rougeâtres doivent cette couleur au fer ; celles qui sont transparentes et cristallisées sont chargées de soufre et d’arsenic ; enfin toutes contiennent une plus, ou moins grande quantité de zinc.

Non seulement ce demi-métal se trouve dans la pierre calaminaire et dans les blendes, mais il existe aussi en assez grande quantité dans plusieurs mines de fer concrètes ou en grains, et de dernière formation ; ce qui prouve que le zinc est disséminé presque partout en molécules insensibles, qui se sont réunies avec le fer dans la pierre calaminaire et dans les mines secondaires de ce métal, et qui se sont aussi mêlées dans les blendes avec d’autres minéraux et avec des matières pyriteuses : ce demi-métal ne peut donc être que d’une formation postérieure à celle des métaux, et même postérieure à leur décomposition, puisque c’est presque toujours avec le fer décomposé qu’on le trouve réuni. D’ailleurs, comme il est très volatil, il n’a pu se former qu’après les métaux et minéraux plus fixes, dans le même temps à peu près que l’antimoine, le mercure et l’arsenic : ils étaient tous relégués dans l’atmosphère, avec les eaux et les autres substances volatiles pendant l’incandescence du globe, et ils n’en sont descendus qu’avec ces mêmes substances ; aussi le zinc ne se trouve dans aucune mine primordiale des métaux, mais seulement dans les mines secondaires produites par la décomposition des premières.

Pour tirer le zinc de la calamine ou des blendes, il suffit de les exposer au feu de calcination, ce demi-métal se sublime en vapeurs qui, par leur condensation, forment de petits flocons blancs et légers, auxquels on a donné le nom de fleurs de zinc.

Dans la calamine ou pierre calaminaire, le zinc est sous la forme de chaux : en faisant griller cette pierre, elle perd près d’un tiers de son poids ; elle s’effleurit à l’air, et se présente ordinairement en masses irrégulières, quelquefois cristallisées ; elle est presque toujours accompagnée ou voisine des terres alumineuses ; mais, quoique la substance du zinc soit disséminée partout, ce n’est qu’en quelques endroits qu’on trouve de la pierre calaminaire. Nous citerons tout à l’heure les mines les plus fameuses de ce minéral en Europe, et nous savons d’ailleurs que le toutenague, qu’on nous apporte des Indes orientales, est un zinc même plus pur que celui d’Allemagne : ainsi l’on ne peut douter qu’il n’y ait des mines de pierres calaminaires dans plusieurs endroits des régions orientales, puisque ce n’est que de cette pierre qu’on peut tirer du zinc d’une grande pureté.

La minière la plus fameuse de pierre calaminaire est celle de Calmsberg, près d’Aix-la-Chapelle ; elle est mêlée avec une mine de fer en ocre : il y en a une autre qui est mêlée de mine de plomb au-dessous de Namur. On prétend que le mot de calamine est le nom d’un territoire d’assez grande étendue, près des confins du duché de Limbourg, qui est plein de ce minéral. « Tout le terrain, dit Lémery, à plus de vingt lieues à la ronde, est si rempli de pierres calaminaires que les grosses pierres dont on se sert pour paver, étant exposées au soleil, laissent voir une grande quantité de parcelles métalliques et brillantes. » M. de Gensane en a reconnu une minière de plus de quatre toises de largeur, au-dessous du château de Montalet, diocèse d’Uzès : on y trouve des pierres calaminaires ferrugineuses, comme à Aix-la-Chapelle, et d’autres mêlées de mine de plomb, comme à Namur, et l’on y voit aussi des terres alumineuses ; on en trouve encore dans le Berry près de Bourges, et dans l’Anjou et le territoire de Saumur, qui sont également mêlées de parties ferrugineuses.

En Angleterre, on exploite quelques mines de pierre calaminaire dans le comté de Sommerset ; la pierre de cette mine est rougeâtre à sa surface, et d’un jaune verdâtre à l’intérieur ; elle est très pesante, quoique trouée et comme cellulaire ; elle est aussi très dure et donne des étincelles lorsqu’on la choque contre l’acier ; elle est soluble dans les acides : celle du comté de Nottingham en diffère en ce qu’elle n’est pas soluble, et qu’elle ne fait point feu contre l’acier, quoiqu’elle soit compacte, opaque et cellulaire comme celle de Sommerset ; elle en diffère encore par la couleur qui est ordinairement blanche, et