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Il y a aussi des mines d’antimoine en Lorraine, en Alsace[1], en Poitou, en Bretagne, en Angoumois[2] et en Languedoc[3] ; enfin, M. de Gensane a observé, dans le Vivarais, un gros filon de mine d’antimoine mêlé dans une veine de charbon de terre[4] ; ce qui prouve, aussi bien que la plupart des exemples précédents, que ce minéral se trouve presque toujours dans les couches de la terre remuée et déposée par les eaux.

L’antimoine ne paraît pas affecter des lieux particuliers comme l’étain et le mercure ; il s’en trouve dans toutes les parties du monde : en Europe, celui de Hongrie est le plus fameux et le plus recherché.

On en trouve aussi dans plusieurs endroits de l’Allemagne ; et l’on prétend avoir vu de l’antimoine natif en Italie, dans le canton de Sainte-Flore proche Mana, ce qui ne peut provenir que de l’effet de quelques feux souterrains qui auraient liquéfié la mine de ce demi-métal.

En Asie, les voyageurs font mention de l’antimoine de Perse[5] et de celui de Siam[6]. En Afrique, il s’en trouve, au rapport de Léon l’Africain, au pied du mont Atlas[7]. Enfin Alphonse Barba dit qu’au Pérou les mines d’antimoine sont en grand nombre[8], et quelques voyageurs en ont remarqué à Saint-Domingue et en Virginie[9].

  1. En Lorraine, au Val-de-Lièvre, il y a une mine d’antimoine. Idem, p. 9. — Auprès de Giromagny, en Alsace, il y en a une autre qui est mêlée de plomb. Idem, p. 11.
  2. On trouve en Angoumois une mine d’antimoine tenant argent à Manel, près Montbrun. Idem, p. 59.
  3. Dans le comté d’Alais en Languedoc, il se trouve à Malbois une mine d’antimoine. Idem, p. 29. — En descendant des Portes vers Cerssoux, au diocèse d’Uzès, on exploite une mine d’antimoine. Il y a trois filons de ce minéral, à la vérité peu riches, mais le minéral est très bon. On en a fondu en notre présence, et l’antimoine qui en est provenu nous a paru aussi beau que celui de Hongrie. Histoire naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. Ier, p. 174.
  4. En montant du Poufin vers les Fonds, on trouve dans un ravin limitrophe de la paroisse Saint-Julien un gros filon d’antimoine mêlé de charbon de terre. Ces deux fossiles y sont intimement mêlés, phénomène bien singulier dans la minéralogie : cependant tous les indices extérieurs annoncent du charbon de terre, et il est à présumer que dans la profondeur l’antimoine disparaîtra et que le charbon de terre deviendra pur. Il peut même arriver que dans la profondeur il y aura deux veines contiguës, l’une d’antimoine et l’autre de charbon ; on ne peut former sur tout cela que des conjectures… Il y a des morceaux où l’antimoine prédomine ; dans d’autres, c’est le charbon qui est le plus abondant, et, en cassant ce dernier, on le trouve tout pénétré de petites aiguilles d’antimoine… Cette veine d’antimoine est un filon très bien réglé, et qui a son alignement bien suivi ; il a une pente telle que celle que les charbons de terre affectent ordinairement vers leurs têtes ; il se trouve entre des rochers semblables et de la même nature que ceux qui accompagnent pour l’ordinaire ce dernier fossile. Histoire naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. III, p. 202 et 203.
  5. En Perse, il y a vers la Caramanie une mine d’antimoine, singulière en ce qu’après l’avoir fait fondre, elle donne du plomb fin. Voyage de Chardin, etc. ; Amsterdam, 1711, t. II, p. 23.
  6. On a découvert à Siam une mine d’antimoine. Histoire générale des Voyages, t. IX, p. 23.
  7. L’antimoine se trouve dans des mines de plomb sur les parties inférieures du mont Atlas, aux confins du royaume de Fez. Joannis Leonis Africani, t. II, p. 771.
  8. L’antimoine ou stibium est un minéral fort ressemblant au sancha ou plomb minéral. Il est poreux, luisant et friable. Il y en a de jaune rougeâtre, et d’autre tirant sur le blanc, d’un grain aussi menu que l’acier… On trouve ordinairement dans tout le Pérou l’antimoine mêlé avec les minerais d’argent, particulièrement avec ceux appelés négrilles. On le trouve aussi seul en beaucoup d’endroits ; il fait beaucoup de tort au minerai, ainsi que le bitume et le soufre. Barba, Métallurgie, t. Ier, p. 36 et suiv.
  9. Histoire générale des Voyages, t. XIX, p. 508.