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et non pas en veines ; elles sont donc plus faciles à exploiter : aussi l’on en tire une très grande quantité de charbon, dont il y en a de très bonne qualité. Dans le Nivernais, près de Decize, il se trouve des mines en amas et d’autres en veines. On y connaît quatre ou cinq couches ou veines régulières les unes au-dessus des autres, courant parallèlement, étant depuis dix jusqu’à vingt toises de distance les unes des autres latéralement. Le charbon de ces veines ne commence à être bon qu’à quatre toises et plus de profondeur : elles ont depuis deux pieds jusqu’à cinq pieds d’épaisseur ; leur toit est un schiste avec des impressions de plantes, et le lit est un grès à demi décomposé. Les mines en amas du même canton sont mêlées de schiste et de grès ; mais en général tout ce charbon est pyriteux, et quelquefois il prend feu de lui-même, lorsqu’après l’extraction on le laisse exposé à l’air.

Il y a des mines de charbon dans le Quercy aux environs de Montauban ; il y en a dans le Rouergue, où le territoire de Cransac, qui est d’une grande étendue, n’est, pour ainsi dire, qu’une mine de charbon ; il y en a une autre mine à Severac-le-Castel sur une montagne, dont le charbon est pyriteux et sensiblement chargé de vitriol ; une autre à Mas-de-Bannac, élection de Milhaud. On en a aussi découvert dans le bas Limousin à une lieue de Bourganeuf, dans les environs d’Argental, dans ceux de Maynac et dans le territoire de Varets à peu de distance de Brives[1]. Dans toute l’étendue du terrain, depuis la rive du Lot qui est en face de Levignac jusqu’à Firminy, on ne peut pas faire un pas qu’on ne trouve du charbon : dans beaucoup d’endroits on n’a pas besoin de creuser pour le tirer. Dans ce même canton il y a une masse très étendue de ce charbon, qui est minée par un embrasement souterrain : la première époque de cet incendie n’est point connue, on voit sortir une fumée fort épaisse des crevasses de cette minière enflammée[2]. Il y a aussi en Bourgogne, au canton de la Gachère, près de Saint-Berain, une mine de charbon enflammée qui donne de la fumée et une forte odeur d’acide sulfureux ; on ne peut pas toucher sans se brûler un bâton qu’on y a plongé seulement pendant une minute ; ce n’est qu’une inflammation pyriteuse produite par l’eau qui séjourne dans cet endroit, et qu’on pourrait éteindre en le desséchant[3]. Il y a encore près de Saint-Étienne-en-Forez une

    sont très abondantes ; elles n’y sont pas par veines, mais par assez grandes masses, traversées de temps en temps par des bandes schisteuses qui ne se continuent pas : les endroits remarquables par leurs mines de charbon sont Sauxilanges, à sept lieues de Clermont ; Salverre, Charbonnière, Sainte-Fleurine, Lande-sur-Alagnon, Frugère, Anson, Bois-Gros, Gros-Ménil, Fosse, la Brosse et Brassager. Idem, ibidem, page 156. — C’est au-dessous de Brioude, entre les rivières d’Alagnon et d’Allier, que se trouve la plus grande partie des fouilles, et la mine la plus abondante est dans le territoire de Sainte-Fleurine : le charbon s’y trouve à une médiocre profondeur. Le centre de ces mines est le champ appelé la Fosse, d’où on a autrefois tiré du charbon réputé le meilleur de tout ce quartier ; les autres ne sont que des rameaux qui partent de ce champ ou qui viennent s’y rendre, mais séparés par des rocs : les charbons provenant de ces branches sont tous d’une qualité bien inférieure à celle de la maîtresse mine… Le bon charbon de cette mine est au-dessous d’un roc grisâtre très dur, de sept à huit toises d’épaisseur ; c’est d’abord une terre noire, sensiblement bitumineuse, puis un schiste qui fait le toit de la veine dans laquelle on distingue trois membres : le premier charbon peut avoir depuis quinze jusqu’à vingt-cinq pieds d’épaisseur ; il est séparé du second par un roc noir, argileux et imprégné de bitume charbonneux ; le second membre de charbon est à peu près de la même épaisseur que le premier ; il est aussi placé sur un roc qui sert de toit au troisième membre, qui renferme le meilleur charbon, appelé puceau, et qui porte encore sur un lit de roc… Dans ces mines, le charbon se présente quelquefois en tas. Du charbon de terre, etc., par M. Morand, p. 588.

  1. Du charbon de terre, etc., par M. Morand, p. 155.
  2. Idem, page 534.
  3. Note communiquée par M. de Morveau, le 4 septembre 1779.