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elle est dans une ardoise noire surmontée de rochers calcaires ; la seconde est celle d’Almaden, en Espagne[1], dont les veines sont des bancs de grès[2] ; la troisième est celle de Guanca-Velica, petite ville à soixante lieues de Pisco, au Pérou[3]. Les veines du cinabre

    deux jusqu’à trois cents toises : cette riche couche d’ardoise varie soit en s’inclinant, soit en se replaçant horizontalement, souvent même à contresens. La profondeur des principaux puits est de cent onze toises. Voyez la Description des mines d’Idria, par M. Ferber, publiée en 1774.

  1. Almaden est un bourg de la province de la Manche, qui est environné, du côté du midi, de plusieurs montagnes dépendantes de la Sierra-Morena ou montagne Noire. Ce bourg est situé au sommet d’une montagne, sur le penchant et au pied de laquelle, du côté du midi, il y a cinq ouvertures différentes qui conduisent par des chemins souterrains aux endroits d’où se tire le cinabre. On ne voit point au dehors de cette mine ni de ces terres qui caractérisent par quelque couleur extraordinaire le minéral que l’on trouve dans son sein, ni de ces décombrements qui rendent ordinairement leur entrée difficile ou qui exhalent quelque odeur sensible… On tire la mine en gros quartiers massifs, et ce sont des forçats qui sont condamnés à ce travail et qui sont emprisonnés dans une enceinte qui environne l’un des puits de là mine… Les veines, qui paraissent au fond de l’endroit où les mineurs travaillent, sont de trois sortes. La plus commune est de pure roche de couleur grisâtre à l’extérieur et mêlée dans son intérieur de nuances rouges, blanches et cristallines. Cette première veine en contient une seconde dont la couleur approche de celle du minium.

    La troisième est d’une substance compacte, très pesante, dure et grenue comme celle du grès, et d’un rouge mat de brique, parsemée d’une infinité de petits brillants argentins.

    Parmi ces trois sortes de veines, qui sont les seules utiles, se trouvent différentes autres pierres de couleur grisâtre et ardoisée, et deux sortes de terres grasses et onctueuses, blanches et grises que l’on rejette. Extrait du Mémoire de M. de Jussieu, dans ceux de l’Académie des sciences, année 1719, p. 350 et suiv.

  2. La ville d’Almaden est composée de plus de trois cents maisons, avec l’église, bâtie sur le cinabre… La mine est dans une montagne dont le sommet est une roche nue sur laquelle on aperçoit quelques petites taches de cinabre… Dans le reste de la montagne on trouve quelques petites veines d’ardoise avec des veines de fer, lesquelles, à la superficie, suivent la direction de la colline… Deux veines traversent la colline en longueur ; elles ont depuis deux jusqu’à quatorze pieds de large. En certains endroits il en sort des rameaux qui prennent une direction différente… La pierre de ces veines est la même que celle du reste de la colline, qui est du grès semblable à celui de Fontainebleau ; elle sert de matrice au cinabre, qui est plus ou moins abondant, selon que le grain est plus ou moins fin ; quelques-uns de ces morceaux de la même veine renferment jusqu’à dix onces de vif argent par livre et d’autres n’en contiennent que trois…

    La hauteur de cette colline d’Almaden est d’environ cent vingt pieds… les énormes morceaux de rochers de grès qui composent l’intérieur de la montagne sont divisés par des fentes verticales… Deux veines de ces rochers, plus ou moins pourvues de cinabre, coupent la colline presque verticalement, lesquelles, comme nous l’avons dit, ont depuis trois jusqu’à quatorze pieds de largeur ; ces deux veines se réunissent en s’éloignant jusqu’à cent pieds, et c’est de là qu’on a tiré la plus riche et la plus grande quantité du minéral. Histoire naturelle d’Espagne, par M. Bowles, p. 5 jusqu’à 29.

  3. Guanca-Velica est une petite ville d’environ cent familles, éloignée de Pisco de soixante lieues ; elle est fameuse par une mine de vif-argent, qui seule fournit tous les moulins d’or et d’argent du Pérou… Lorsqu’on en a tiré une quantité suffisante, le roi fait fermer la mine.

    La terre qui contient le vif-argent est d’un rouge blanchâtre comme de la brique mal cuite ; on la concasse et on la met dans un fourneau de terre dont le chapiteau est une voûte en cul-de-four, un peu sphéroïde ; on l’étend sur une grille de fer recouverte de terre, sous laquelle on entretient un petit feu avec de l’herbe icho, qui est plus propre à cela que toute autre matière combustible, et c’est pourquoi il est défendu de la couper à vingt lieues à la ronde ; la chaleur de ce feu volatilise le vif-argent en fumée et, au moyen d’un réfrigérant, on le fait tomber dans l’eau. Frézier, Voyage à la mer du Sud, p. 164 et 165… Ces