Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y a dans la Carinthie des mines de plomb qui sont en pleine exploitation ; elles gisent dans les montagnes calcaires, et l’on en tire par année vingt mille quintaux de plomb[1]. Les mines de plomb que l’on trouve dans le Palatinat en Allemagne, sous la forme d’une pierre cristallisée, sont exemptes de même de toute matière étrangère ; ce sont des mines en chaux qui, comme celles de plomb blanc, ne contiennent en effet que du plomb, de l’air et de l’eau, sans mélange d’aucune autre matière métallique[2].

On voit, par cette énumération, qu’il se trouve un grand nombre de mines de plomb dans presque toutes les provinces de l’Europe : les plus remarquables, ou plutôt les mieux connues, sont celles qui contiennent une quantité considérable d’argent ; il y en a de toute espèce en Allemagne[3], de même qu’en Suède, et jusqu’en Norvège.

On ne peut guère douter qu’il n’y ait tout autant de mines de plomb en Asie qu’en Europe ; mais nous ne pouvons indiquer que le petit nombre de celles qui ont été remar-

    dans d’autres jusqu’à une demi-brasse d’épaisseur… On tire de ce plomb onze marcs et demi d’argent, sur soixante-dix quintaux de plomb. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762, p. 319, 321 et suiv.

  1. On trouve dans les mines de Bleyberg, en Carinthie, plusieurs sortes de minerais : 1o le plombage ou plomb compact presque malléable, couleur de vrai plomb minéralisé avec le soufre et l’arsenic ; 2o la galène de plomb cristallisée en cubes ou en octaèdres ; 3o la craie parsemée de petits points de galène de plomb qui forment de jolies dendrides ; 4o le plomb spatheux, couleur de jaune clair, jusqu’à l’oranger blanc, couleur de plomb transparent, couleur de vert pâle…, etc. Voyages de M. Jaskevisch, dans le supplément au Journal de physique du mois d’octobre de l’année 1782.
  2. Dans le haut palatinat, à Fregung, il y a une mine de plomb qui n’est mêlée d’aucun autre métal, et par conséquent excellente pour l’usage de la coupelle ; elle est en partie sous la forme d’une pierre cristalline ; le reste n’est pas si riche en plomb et paraît plus farineux. Collection académique, partie étrangère, t. II, p. 2.
  3. La mine de plomb et d’argent de Rammelsberg est en partie très pure, et en partie mêlée de pyrites cuivreuses et de soufre ; et dans le milieu de ces pyrites on trouve quelques veines de mines de plomb brillantes… Le produit de cette mine est en argent, depuis un gros jusqu’à une once, et en plomb depuis six jusqu’à quarante livres par quintal. On ne peut réduire cette mine en moindre volume par le bocard et le lavage, parce que sa gangue est trop dure et trop pesante ; mais elle a l’avantage d’être assez pure : ainsi on peut la regarder comme une mine triée ; à cause de sa dureté, on attend qu’elle ait reçu trois grillages avant de l’essayer… Les mines qui se tirent des minières des Halzbrucke ne contiennent par quintal que depuis une demi-once jusqu’à deux onces et demie d’argent ; mais elles rendent depuis vingt-huit jusqu’à soixante-cinq livres de plomb par quintal : ainsi, comme elles sont tendres, on les grille seules, et on ne leur donne que deux feux pour les ajouter ensuite aux autres dans la fonte…

    On trouve à Foelgebaugen de la mine de plomb à gros brillants, dont le quintal rend depuis soixante-dix jusqu’à quatre-vingts livres de plomb, et depuis six gros jusqu’à une once et demie d’argent ; on y trouve aussi de la mine de plomb à petits brillants, contenant un peu plus d’argent et moins de plomb ; on tire les meilleurs morceaux de ces mines, et on pile et lave le reste ; mais le tout doit être grillé…

    Dans le haut Hartz, le produit des mines pilées varie beaucoup ; il y en a dont le quintal ne tient qu’une demi-once d’argent, d’autres qui en contiennent jusqu’à un marc… Celles d’Andreasberg sont plus riches, parce qu’on y trouve de l’argent vierge et de la minera argenti rubra, dont les grillages fournissent beaucoup d’argent ; enfin, il y en a d’autres qui, sans argent vierge ni même d’argent rouge, fournissent encore plus d’argent…

    Les mines qu’on tire dans le comté de Stolberg, à Strelzberg, sont de plomb et d’argent, mêlées d’un peu de pyrites et de mines de cuivre. Il se trouve aussi dans les mêmes filons de la mine de fer jaune et blanche qu’on ne peut en séparer entièrement, ni en pilant ni en lavant le minéral : ainsi on la trie le mieux qu’il est possible, en la pilant grossièrement et la faisant passer par un crible. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 162, 182, 186, 196 et 328.