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Tout le monde sait que l’eau qui ne peut se répandre remonte à la même hauteur dont elle est descendue : rien ne démontre mieux que les eaux souterraines, même les plus profondes, proviennent uniquement des eaux de la superficie, puisqu’en perçant la terre jusqu’à cette profondeur avec des tarières, on se procure des eaux jaillissantes à la surface ; mais, lorsqu’au lieu de former un siphon dans la terre, comme l’on fait avec la tarière, on y perce de larges puits et des galeries, l’eau s’épanche au lieu de remonter, et se ramasse en si grande quantité que l’épuisement en est quelquefois au-dessus de toutes nos forces et des ressources de l’art ; les machines les plus puissantes que l’on emploie dans les mines de charbon sont les pompes à feu dont ordinairement on peut augmenter les effets autant qu’il est nécessaire pour se débarrasser des eaux, et sans qu’il en coûte d’autres frais que ceux de la construction de la machine, puisque c’est le charbon même de la mine qui sert d’aliment au feu, dont l’action, par le moyen des vapeurs de l’eau bouillante, fait mouvoir les pistons de la pompe[1] ; mais, quand la profondeur est très grande et que les eaux sont trop abondantes, cette machine, la meilleure de toutes, n’a pas encore assez de puissance pour les épuiser.

    culaires à l’horizon ; dans les bancs de grès et de roc vif, elles sont obliques ou irrégulièrement placées ; dans quelques matières compactes, comme marbres, pierres dures, et dans les premières couches, elles sont plus multipliées et plus larges ; souvent elles descendent depuis le sommet des masses jusqu’à leur base ; d’autres fois elles pénètrent jusque dans les lits inférieurs : les unes vont en diminuant de largeur, d’autres ont dans toute leur étendue les mêmes dimensions. Pour ce qui est des temps auxquels on doit s’attendre davantage à la rencontre embarrassante des eaux, il est d’observation qu’elles sont en général plus abondantes en hiver, suivant l’espèce de température et suivant les pluies : c’est ordinairement en mars qu’elles donnent davantage, à cause des fontes des neiges ; on les a vues quelquefois très basses à Noël. Du charbon de terre, par M. Morand, p. 873.

  1. « Les machines ou pompes à feu sont particulièrement appliquées à ces grands épuisements dans quantité de mines de charbon de la Grande-Bretagne… La plus considérable est celle de Walker, où les eaux, ramassées à cent toises de profondeur, s’élèvent à quatre-vingt-neuf toises jusqu’à un percement ou aqueduc de quatre pieds de haut et de deux cent cinquante toises de long : sa puissance est de trente-quatre mille quatre cent seize livres ; elle a d’effort trois mille quatre-vingt-seize… On se sert aussi d’une pompe à feu dans la mine de charbon de Fresnes, proche Condé, de laquelle M. Morand donne la description. Du charbon de terre, pages 404, 405 et 468… Il y a dix pompes à feu dans la seule mine d’Anzin ; il y en a une à Montrelais en Bretagne, et l’on en monte actuellement (septembre 1779) une d’une puissance supérieure à la mine d’Anzin, pour remplacer l’ancienne, qui était défectueuse. » Note communiquée par M. le chevalier de Grignon. — M. le Camus de Limare m’a informé qu’on a trouvé nouvellement en Angleterre les moyens de donner à ces machines à feu un degré de perfection qui produit un beaucoup plus grand effet avec une moindre consommation de matière combustible ; voici la notice que M. de Limare a eu la bonté de me communiquer à ce sujet : « La nouvelle machine à feu que MM. Boulton et Watt viennent d’établir en Angleterre avec le plus grand succès, en vertu d’un arrêt du parlement qui leur en accorde le privilège exclusif, est infiniment supérieure aux anciennes machines pour l’effet et pour l’économie.

    » Ce n’est plus le poids de l’atmosphère qui donne le mouvement au piston ; c’est l’action seule de la vapeur qui agit, et sa condensation se fait dans un vaisseau qu’ils appellent le condensoir, et qui est distinct du cylindre où agit le piston. Ce condensoir est toujours au même degré de chaleur que la vapeur même, sans que l’injection de l’eau froide le refroidisse en aucune façon ; la vapeur étant introduite dans la capacité d’une roue qui contient une matière fluide, elle donne à cette roue un mouvement circulaire avec une force relative à la capacité de la roue et à la quantité de vapeurs qu’elle peut recevoir. Quoiqu’on ne puisse bien juger de ce mécanisme dont on tient le jeu caché, son effet est considérable, et l’expérience l’a confirmé : la même machine, changée et disposée sur les principes ci-dessus, donne un effet presque double, et consomme infiniment moins de