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Nous ne donnerons point ici le détail des opérations du raffinage de ce métal[1] ; ce serait trop s’éloigner de notre objet, et nous nous contenterons seulement d’observer que

    porter toutes rouges, ou au moins très chaudes, dans une cuve où l’on aura mis un peu d’eau auparavant, pour empêcher qu’elles ne s’allument, ce qui arrive quand elles sont sulfureuses… Comme la mine s’y met presque rouge, l’eau s’échauffe et elle détache mieux la partie cuivreuse dissoute par l’acide du soufre, ce qu’elle fait en moins de deux jours si la mine a été bien grillée, car celle qui ne l’a point été n’abandonne pas son cuivre. Pour avoir encore ce qui peut être resté de cuivre dans la mine après cette première opération, on la grille une seconde fois et même on lui donne deux feux, parce qu’étant humide et presque réduite en boue, un premier feu la grille mal ; lorsqu’elle est bien grillée, on la remet dans la cuve sur la première lessive ; quand on veut l’avoir plus forte et plus chargée de cuivre, on l’y laisse quarante-huit heures.

    On peut employer cette lessive à deux usages : 1o en l’évaporant pour en faire du vitriol bleu ; 2o à en précipiter le cuivre… Quand la lessive s’est chargée de cuivre, on la retire de dessus son marc, et on la fait chauffer dans une chaudière de plomb. On a dans une cuve plusieurs barres de fer arrangées verticalement, et toutes séparées les unes des autres… ; on y verse ensuite la lessive toute chaude, et on couvre la cuve pour en conserver la chaleur, car, plus longtemps elle reste chaude, plus tôt le cuivre s’y précipite ; et, s’il y a assez de fer dans la cuve, tout le cuivre peut s’y précipiter dès la première fois, sans quoi il faudrait chauffer de nouveau la lessive ; car, quoique le cuivre se précipite aussi dans la lessive froide, la précipitation en est beaucoup plus lente…

    Pour connaître si tout le cuivre a été précipité, on trempe dans la lessive une lame de fer polie et qui ne soit point grasse, et on l’y tient quelque temps : si cette lame se couvre d’un enduit rouge, c’est une preuve qu’il y a encore du cuivre dans la lessive ; si elle n’y change pas de couleur, tout le cuivre est précipité.

    Lorsque tout le cuivre s’est précipité, on fait couler la lessive dans des baquets, en débouchant les trous qui sont à différentes hauteurs le long d’un des côtés de la cuve, afin de ne pas déranger les barres de fer ; il faut prendre garde aussi, lorsqu’on a débouché les trous d’en bas, que l’eau n’entraîne avec elle le limon cuivreux. Cette lessive, coulée et reçue dans les baquets, peut être employée à faire la couperose verte, puisqu’elle contient du fer dissous.

    Tant que les barres de fer ne sont pas entièrement rongées, elles peuvent toujours servir à précipiter, et il n’est pas nécessaire de les sortir souvent de la cuve pour les nettoyer : ainsi l’on peut verser de la nouvelle lessive chaude jusqu’à ce qu’elles soient presque détruites ; après quoi on les retire, on les racle et l’on met la matière cuivreuse qui en tombe dans de l’eau claire. On pourrait mettre d’abord ces barres de fer dans la chaudière de plomb où l’on fait bouillir la lessive cuivreuse ; la précipitation se ferait encore plus vite.

    La matière cuivreuse qui vient de cette précipitation contient beaucoup de fer, qu’on peut en séparer en partie par le lavage ; mais, comme le cuivre est réduit en un limon fort fin, il faut bien prendre garde que l’eau ne l’emporte avec elle. Lorsqu’on a rassemblé assez de ce limon pour en faire une fonte, on le grille si l’on veut, quoique cela ne soit pas nécessaire ; mais, comme il faut le sécher exactement avant de le fondre, on le met sur une aire couverte de charbon, qu’on allume pour qu’il rougisse : on répète cette manœuvre deux fois, parce qu’ainsi grillé il se fond plus aisément.

    Ce cuivre, ainsi précipité, est la même chose que le cément de Hongrie, et on le fond avec addition de scories qui ne rendent point de mattes, et mieux encore avec des scories de refonte de litharge ; alors on ne retire de la fonte que du cuivre noir et point de matte.

    Cette manière de retirer le cuivre de ses mines se fait avec des frais peu considérables, mais elle n’en sépare jamais tout le cuivre, et le minéral qui reste en contient encore assez pour mériter d’être fondu. Traité de la fonte des mines de Schlutter, traduit par Hellot, t. II, p. 502 et suiv.

  1. Le déchet au raffinage du cuivre noir de Saint-Bel est de huit à neuf pour cent. (Mémoires de M. Jars.) — Le déchet des cuivres bruts de Barbarie et de Mogador n’est que de cinq ou six pour cent. (Mémoires de M. de Limare.)