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parce qu’on n’y trouve point de mine de zinc, et qu’on est obligé de tirer du Tunquin, ou d’encore plus loin, la calamine ou le zinc nécessaire à cet alliage[1].

Enfin, pour achever l’énumération des principales mines de cuivre de l’Asie, nous indiquerons celles de l’île Formose, qui sont si abondantes, au rapport des voyageurs, qu’une seule de ces mines pourrait suffire à tous les besoins et usages de ces insulaires ; la plus riche est celle de Peorko : le minéral est du cuivre rouge[2], et paraît être de première formation.

Nous ne ferons que citer celles de Macassar dans les îles Célèbes[3] ; celles de l’île de Timor[4], et enfin celles de Bornéo dont quelques-unes sont mêlées d’or et donnent du tombac, comme celles de la province de Surunga au Japon, et de Hu-quang à la Chine[5].

En Afrique, il y a beaucoup de cuivre, et même du cuivre primitif. Marmol parle d’une mine riche, qui était, il y a près de deux siècles, en pleine exploitation dans la province de Suz au royaume de Maroc, et il dit qu’on en tirait beaucoup de cuivre et de laiton qu’on transportait en Europe : il fait aussi mention des mines du mont Atlas dans la province de Zahara, où l’on fabriquait des vases de cuivre et de laiton[6]. Ces mines de la Barbarie et du royaume de Maroc fournissent encore aujourd’hui une très grande quantité de ce métal que les Africains ne se donnent pas la peine de raffiner, et qu’ils nous vendent en cuivre brut. Les montagnes des îles du cap Vert contiennent aussi des mines de cuivre ; car il en découle plusieurs sources dont les eaux sont chargées d’une grande quantité de parties cuivreuses qu’il est aisé de fixer et de recueillir par la cémentation[7]. Dans la province de Bambuk, si abondante en or, on trouve aussi beaucoup de cuivre, et particulièrement dans les montagnes de Radschinkadbar, qui sont d’une prodigieuse hauteur[8]. Il y a aussi des mines de cuivre dans plusieurs endroits du Congo et à Benguela : l’une des plus riches de ces contrées est celle de la baie des Vaches dont le cuivre est très fin[9] ; on trouve de même des mines de ce métal en Guinée, au pays des Insijesses[10]. et enfin dans les terres des Hottentots. Kolbe fait mention d’une mine de cuivre qui n’est qu’à une lieue de distance du Cap dans une très haute montagne, dont il dit que le minéral est pur et très abondant[11]. Cette mine, située dans une si haute montagne, est sans doute de première formation, comme celles de Bambuk, et comme la plupart des autres mines de cuivre de l’Afrique ; car, quoique les Maures, les Nègres, et surtout les Abyssins,

  1. Histoire naturelle du Japon, par Kæmpfer, t. Ier, p. 94.
  2. Description de l’île Formose, Amsterdam, 1705, p. 168.
  3. Histoire générale des Voyages, t. X, p. 458.
  4. Idem, t. XI, p. 552.
  5. Idem, t. V, p. 484 ; et t. IX, p. 307. « Le tombac, dit Ovington, est fort recherché aux Indes orientales ; on croit que c’est un mélange naturel d’or, d’argent et de cuivre, qui est de bon aloi dans de certains endroits, comme à Bornéo, et de beaucoup plus bas aloi dans d’autres, comme à Siam. » Voyage de Jean Ovington, t. II, p. 213. — Le tombac de Siam et de Bornéo ne nous laisse pas douter qu’il n’y ait dans ces contrées plusieurs autres mines de cuivre, dont les voyageurs ont négligé de faire mention.
  6. L’Afrique de Marmol, Paris, 1667, t. II, p. 35 ; et t. III, p. 8.
  7. Il y a des mines de cuivre dans les îles du cap Vert, et particulièrement dans l’île Saint-Jean, où le voyageur Roberts a remarqué des eaux cuivreuses, dans lesquelles il suffisait de tenir la lame d’un couteau pendant une minute ou deux, pour que cette lame fût incrustée de cuivre d’une belle couleur jaune… Il remarqua plusieurs fontaines dont les eaux produisaient le même effet, qui était toujours plus marqué à mesure qu’on s’approchait de la source. Histoire générale des Voyages, t. II, p. 399.
  8. Idem, t. II, p. 664 ; et t. IV, p. 486.
  9. Idem, t. IV, p. 483 ; et t. V, p. 66.
  10. Idem, t. IV, p. 344.
  11. Idem, t. V, p. 186.