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Après cette énumération des mines du cuivre de l’Europe, il nous reste à faire mention de celles des autres parties du monde ; et en commençant par l’Asie, il s’en trouve d’abord dans les îles de l’Archipel ; celle de Chalcitis, aujourd’hui Chalcé, avait même tiré son nom du cuivre qui s’y trouvait. L’île d’Eubée en fournissait aussi[1] ; mais la plus riche de toutes en cuivre est celle de Chypre : les anciens l’ont célébrée sous le nom d’Œrosa, et ils en tiraient une grande quantité de cuivre et de zinc[2].

Dans le continent de l’Asie, on a reconnu et observé plusieurs mines de cuivre : en Perse[3], « le cuivre, dit Chardin, se tire, principalement à Sary, dans les montagnes de Mazenderan ; il y en a aussi à Bactriam et vers Casbin ; tous ces cuivres sont aigres, et, pour les adoucir, les Persans les allient avec du cuivre de Suède et du Japon, en en mettant une partie sur vingt du leur[4]. »

MM. Gmelin et Muller ont reconnu et observé plusieurs mines de cuivre en Sibérie : ils ont remarqué que toutes ces mines, ainsi que celles des autres métaux, sont presque à la surface de la terre. Les plus riches en cuivre sont dans les plus hautes montagnes près de la rive occidentale du Jénisca ; on y voit le cuivre à la surface de la terre en mines rougeâtres ou vertes, qui toutes produisent quarante-huit à cinquante livres de cuivre par quintal[5]. Ces mines, situées au haut des montagnes, sont sans doute de première formation : la mine verte a seulement été un peu altérée par les éléments humides. De toutes les autres mines de cuivre, dont ces voyageurs font mention, la moins riche est celle de Pichtama-Gora, qui cependant donne douze pour cent de bon cuivre : il y a cinq de ces mines en exploitation, et l’on voit, dans plusieurs autres endroits de cette même contrée, les vestiges d’anciens travaux qui démontrent que toutes ces montagnes contiennent de bonnes mines[6]. Celles des autres parties de la Sibérie sont plus pauvres ; la plupart ne donnent que deux, trois ou quatre livres de cuivre par quintal[7] : on trouve, sur la croupe et au pied de plusieurs montagnes, différentes mines de cuivre de seconde et de troisième formation : il y en a dans les environs de Cazan, qui ont formé des stalactites cuivreuses, et des malachites très belles et aisées à polir ; on peut même dire que c’est dans cette contrée du nord de l’Asie que les malachites se trouvent le plus communément, quoiqu’il y en ait aussi en quelques endroits de l’Europe, et particulièrement en Saxe, dans plusieurs mines de cuivre de troisième formation ; ces concrétions cuivreuses ou malachites se présentent sous différentes formes ; il y en a de fibreuses ou formées en rayons, comme si elles étaient cristallisées, et par là elles ressemblent à la zéolithe ; il y en a d’autres qui paraissent formées par couches successives, mais qui ne diffèrent des premières que par leur apparence extérieure. Nous en donnerons des notions plus précises lorsque nous traiterons des stalactites métalliques.

  1. Les premiers ouvrages d’airain avaient, suivant la tradition des Grecs, été travaillés en Eubée, dans la ville de Chalcis, qui en avait tiré son nom. Solin, chap. xi.
  2. Description de l’Archipel, par Dapper, p. 329 et 445.
  3. Il y a des mines de cuivre aux environs de la ville de Cachem en Perse, où l’on fait commerce de ce métal. Voyage de Struys, t. Ier, p. 275. — À quelques lieues de la ville de Tauris, on trouve une mine de cuivre qui rapporte beaucoup au roi. Voyage de Gemelli Careri, t. II, p. 45.
  4. Voyage de Chardin, t. II, p. 23.
  5. Histoire générale des Voyages, t. XVIII, p. 370.
  6. Idem, ibid.
  7. À cinquante-deux verstes de Catherinbourg se trouve la mine de Polewai, qui n’est pas disposée par couches, mais par chambres, et qui ne donne qu’environ trois livres de cuivre par quintal. Histoire générale des Voyages, t. XVIII, p. 108. — Celles de Werchoturie ne rendent que deux pour cent, le minerai est une pyrite de cuivre mêlée de veines irrégulières de quartz noirâtre. Idem, p. 460.