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pour ainsi dire que des pyrites ; on mêle ces mines ensemble pour les faire griller une première fois à un feu qui dure trois ou quatre semaines ; après quoi on leur donne un second feu de grillage avant de les fondre, et l’on n’obtient encore que de la matte crue, qu’on soumet à cinq ou six feux successifs de grillage, selon que cette matte est plus ou moins sulfureuse. On fond de nouveau cette matte grillée, et enfin on parvient à obtenir du cuivre noir en assez petite quantité, car cent quintaux de cette matte grillée ne donnent que huit à dix quintaux de cuivre noir, et quarante ou cinquante quintaux de matière moyenne entre la matte brute et le cuivre noir : on fait griller de nouveau cinq ou six fois cette matte moyenne avant de la jeter au fourneau de fusion ; elle rend à peu près la moitié de son poids en cuivre noir, et entre un tiers et un quart de matière qu’on appelle matte simple, que l’on fait encore griller de nouveau sept à huit fois avant de la fondre, et cette matte simple ne se convertit qu’alors en cuivre noir[1].

Les mines de cuivre qui sont plus riches et moins pyriteuses rendent dès la première fonte leur cuivre noir, mêlé d’une matte qu’on n’est obligé de griller qu’une seule fois, pour obtenir également le cuivre noir pur ; les mines feuilletées ou en ardoises, du comté de Mansfeld, quoique très peu pyriteuses en apparence, ne donnent souvent que de la matte à la première fonte, et ne produisent à la seconde qu’une livre ou deux de cuivre noir par quintal. Celles de Riegelsdorf, qui sont également en ardoise, ne donnent que deux à trois livres de cuivre par quintal ; mais, comme il suffit de les griller une seule fois pour en obtenir le cuivre noir, on ne laisse pas de trouver du bénéfice à les fondre, quoiqu’elles rendent si peu, parce qu’une seule fonte suffit aussi pour réduire le cuivre noir en bon métal[2].

On trouve, dans la mine de Meydenbek, du cuivre en métal mêlé avec des pyrites cuivreuses noires et vertes : cette mine paraît donc être de première formation, seulement une partie du cuivre primitif a été décomposée dans la mine même, par l’action des éléments humides ; mais, malgré cette altération, ces minerais sont peu dénaturés, et ils peuvent se fondre seuls : on mêle les minerais noir et vert avec le cuivre natif, et ce mélange rend son métal dès la première fonte, et même assez pur pour qu’on ne soit pas obligé de le raffiner[3].

En Hongrie, il se trouve des mines de cuivre de toutes les nuances et qualités ; celle de Hornground est d’une grande étendue, elle est en larges filons et si riche qu’elle donne quelquefois jusqu’à cinquante et soixante livres de cuivre par quintal : elle est composée de deux sortes de minerais, l’un jaune, qui ne contient que du cuivre ; l’autre noir, qui contient du cuivre et de l’argent. Ces mines, quoique si riches, sont néanmoins très pyriteuses, et il faut leur faire subir douze ou quatorze fois l’action du feu avant de les réduire en métal. On tire avec beaucoup moins de frais le cuivre des eaux cuivreuses qui découlent de cette mine au moyen des lames de fer qu’on y plonge, et auxquelles il s’unit par cémentation. En général, c’est dans les montagnes de schiste ou d’ardoise que se trouvent, en Hongrie, les plus nobles veines de cuivre[4].

« Il y a en Pologne, dit M. Guettard, sur les confins de la Hongrie et du comté de Speis, une mine de cuivre tenant or et argent… Cette mine est d’un jaune doré avec des taches couleur de gorge de pigeon, et elle est mêlée de quartz ; il y en a une autre dans les terres de Staroste de Bulkow… J’en ai vu un morceau qui était un quartz gris clair, parsemé de points cuivreux ou de pyrites cuivreuses d’un jaune doré[5]. »

  1. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 209.
  2. Idem, ibidem, p. 461.
  3. Idem, ibidem, t. II, p. 491.
  4. Delius, Sur l’Art des mines, traduction française, t. Ier, p. 62.
  5. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762, p. 320.