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ces mêmes contrées. Comme la plupart de ces mines de cuivre contiennent beaucoup de pyrites, il faut les griller avec soin ; sans cela, le cuivre ne se réduit point, et l’on n’obtient que de la matte. Le grillage est ordinairement de sept à huit heures, et il est à propos de laisser refroidir cette mine grillée, de la broyer et griller de nouveau trois ou quatre fois de suite en la broyant à chaque fois ; ces feux interrompus la désoufrent beaucoup mieux qu’un feu continué. Les mines riches, telles que celles d’azur et celles que les ouvriers appellent mines pourries ou éventées, n’ont pas besoin d’être grillées autant de fois ni si longtemps ; cependant toutes les mines de cuivre, pauvres ou riches, doivent subir le grillage, car après cette opération elles donnent un produit plus prompt et plus certain ; et souvent encore le métal pur est difficile à extraire de la plupart de ces mines grillées. En général, les pratiques pour le traitement des mines doivent être relatives à leur qualité plus ou moins riche, et à leur nature plus ou moins fusible. La plupart sont si pyriteuses qu’elles ne rendent que très difficilement leur métal après un très grand nombre de feux. Les plus rebelles de toutes sont les mines qui, comme celles de Rammelsberg et du haut Hartz[1], sont non seulement mêlées de pyrites, mais de beaucoup de mines de fer : il s’est passé bien du temps avant qu’on ait trouvé les moyens de tirer le cuivre de ces mines pyriteuses et ferrugineuses.

Les anciens, comme nous l’avons dit, n’ont d’abord employé que le cuivre de première formation qui se réduit en métal dès la première fonte, et ensuite ils ont fait usage du cuivre de dernière formation qu’on se procure aisément par la cémentation ; mais les mines de cuivre en pyrites, qui sont presque les seules qui nous restent, n’ont été travaillées avec succès que dans ces derniers temps, c’est-à-dire beaucoup plus tard que les mines de fer, qui, quoique difficiles à réduire en métal, le sont cependant beaucoup moins que ces mines pyriteuses de cuivre.

Dans le bas Hartz, les mines de cuivre contiennent du plomb et beaucoup de pyrites ; il leur faut trois feux de grillage, et autant à la matte qui en provient ; on fond ensuite cette matte qui, malgré les trois feux qu’elle a subis, ne se convertit pas tout entière en métal ; car dans la fonte il se trouve encore de la matte qu’on est obligé de séparer du métal et de faire griller de nouveau pour la refondre[2].

Dans le haut Hartz, la plupart des mines de cuivre sont aussi pyriteuses, et il faut de même les griller d’autant plus fort et plus de fois qu’elles le sont davantage. Aux environs de Clausthal, il y en a de bonnes, de médiocres et de mauvaises ; ces dernières ne sont

    cuivre verte, appelée malachite ; au petit essai on ne les rôtit pas, pour la fonte en grand on les rôtit fort peu ;

    7o La mine de cuivre verte, nommée malachite ;

    8o La mine de cuivre en sable, qui est composée de cuivre et d’arsenic, mêlé de sable ;

    9o La mine d’argent, blanche (ou grise) tenant plus de cuivre que d’argent ; mais les mines portent ordinairement le nom du métal qui, étant vendu, produit une plus grande somme d’argent que l’autre, quoiqu’en plus grande quantité ;

    10o La mine de cuivre en ardoise ou écailles cuivreuses : elle donne peu de cuivre aux essais, aussi bien que la précédente ;

    11o Presque toutes les pyrites un peu colorées, parce qu’il n’y en a presque point qui ne contienne une ou deux livres de cuivre par quintal ;

    12o Le vitriol bleu verdâtre natif se met au rang des mines de cuivre, parce que ce métal y sert en partie de base à l’acide qui s’est cristallisé avec lui et avec un peu de fer. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 190 et 191.

  1. Les mines de cuivre de Rammelsberg et celles du haut Hartz ne sont que des pyrites cuivreuses, et il n’est pas étonnant qu’on ait ignoré si longtemps l’art d’en tirer le cuivre : il y a peu de mines auxquelles il faille donner un aussi grand nombre de feux pour les griller et qui, dans la fonte, soient aussi chaudes et aussi rougeâtres. Idem, t. II, p. 426.
  2. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 206 et 207.