Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En France, celles de Saint-Bel et de Chessy, dont nous venons de parler, sont en pleine et grande exploitation ; cependant on n’en tire pas la vingtième partie du cuivre qui se consomme dans le royaume. On exploite aussi quelques mines de cuivre dans nos provinces voisines des Pyrénées, et particulièrement à Baigorry, dans la basse Navarre[1]. Les travaux de ces mines sont dirigés par un habile minéralogiste, M. Hettlinger, que j’ai déjà eu occasion de citer, et qui a bien voulu m’envoyer pour le Cabinet du Roi quelques échantillons des minéraux qui s’y trouvent, et entre autres de la mine de fer en écailles qui est très singulière, et qui se forme dans les cavités d’un filon mêlé de cuivre et de fer[2].

Il y a aussi de riches mines de cuivre et d’argent à Giromagny et au Puy, dans la haute Alsace ; on en a tiré en une année seize cents marcs d’argent et vingt-quatre milliers de cuivre : on trouve aussi d’autres mines de cuivre à Steinbach, à Saint-Nicolas dans le Val-de-Leberthal et à Astenbach[3].

En Lorraine, la mine de la Croix donne du cuivre, du plomb et de l’argent : il y a aussi une mine de cuivre à Fraise, et d’autres aux villages de Sainte-Croix et de Lusse qui tiennent de l’argent ; d’autres à la montagne du Tillot, au Val-de-Lièvre, à Vaudrevanges, et enfin plusieurs autres à Sainte-Marie-aux-Mines[4].

En Franche-Comté, à Plancher-lès-Mines, il y aussi des mines de cuivre, et auprès de Château-Lambert il s’en trouve quatre veines placées l’une sur l’autre, et l’on prétend que cette mine a rendu depuis vingt jusqu’à cinquante pour cent de cuivre[5].

On a aussi reconnu plusieurs mines de cuivre dans le Limousin[6], en Dauphiné, en Provence, dans le Vivarais, le Gévaudan et les Cévennes[7] ; en Auvergne, près de Saint-

  1. Dans la basse Navarre, à Baigorry, on découvrit, en 1746, cinq cent trente-trois pieds de filons, suivis par trois galeries et par trois puits ; ces filons avaient un, deux et trois pieds de largeur. Le minéral, tant pur que celui qu’il faut piler et laver, y est enveloppé dans une gangue blanche, du genre des quartz vitrifiables ; et il est à remarquer que la plupart des mines de cuivre de cette contrée sont mêlées de fer dans leur minerai, et que celle de Baigorry est la seule qui n’en contienne pas.

    Ce minéral de Baigorry est jaune quand on le tire d’un endroit sec de filon, et pour peu qu’il y ait d’humidité, il prend toutes sortes de belles couleurs… Mais ces couleurs s’effacent en moins de deux ans à l’air, et disparaissent même pour peu qu’on chauffe le minerai…

    En 1752, on découvrit dans la même montagne un filon de minéral gris, presque massif, contenant cuivre et argent : on a vu un morceau qui pesait vingt-sept livres sans aucune gangue, qui, par l’essai qu’en fit M. Hellot, donna dix-sept livres de cuivre et trois marcs deux onces trois gros d’argent par quintal fictif… Hellot, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1756, p. 139 et suiv.

  2. Lettres de M. Hettlinger à M. de Buffon ; Baigorry, le 16 juin 1774.
  3. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 11 et 12.
  4. Idem, p. 8 et 9.
  5. Idem, p. 13.
  6. Dans le bas Limousin, au comté d’Ayen, il y a plusieurs filons de cuivre en verdet et en terre verte, qui donnent, l’un dix-sept et l’autre vingt-deux livres de métal par quintal. Une autre mine que j’ai découverte est plus abondante que les précédentes ; le cuivre y est combiné avec le plomb, et donne vingt-trois livres de cuivre par quintal. Quoique ces mines soient médiocrement riches, elles peuvent être exploitées avec profit ; elles ne sont que des fluors, procédant de la décomposition des mines primitives, et infiltrées dans des masses de gros sable quartzeux, qui ont été entraînées des montagnes du haut Limousin. (Lettres de M. le chevalier de Grignon ; Paris, 29 juillet 1782.)
  7. En Dauphiné, il y a une mine de cuivre dans la montagne de la Coche, au revers de la vallée du Grésivaudan, du côté de l’Oisan, dont l’exploitation est abandonnée à cause de la difficulté des chemins… Il y a une autre mine de cuivre sur la montagne des Hyères, à cinq lieues du bourg d’Oisan ; elle est mêlée d’ocre, de quartz et de pyrite sulfureuse ; le filon a