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métal a été déposé par fusion ou par sublimation dans les fentes perpendiculaires du globe, dès le temps de sa consolidation ; l’action de ce premier feu en a fondu et sublimé la matière, et l’a incorporée dans les rochers vitreux : tous les autres états dans lesquels se présente le cuivre sont postérieurs à ce premier état, et les minerais mêlés de pyrites n’ont été produits, comme les pyrites elles-mêmes, que par l’intermède des éléments humides ; le cuivre primitif attaqué par l’eau, par les acides, les sels, et même par les huiles des végétaux décomposés, a changé de forme ; il a été altéré, minéralisé, détérioré, et il a subi un si grand nombre de transformations qu’à peine pourrons-nous le suivre dans toutes ses dégradations et décompositions.

La première et la plus simple de toutes les décompositions du cuivre est sa conversion en vert-de-gris ou verdet ; l’humidité de l’air ou le plus léger acide suffisent pour produire cette rouille verte : ainsi, dès les premiers temps, après la chute des eaux, toutes les surfaces des blocs du cuivre primitif ou des roches vitreuses, dans lesquelles il était incorporé et fondu, auront plus ou moins subi cette altération ; la rouille verte aura coulé avec les eaux et se sera disséminée sur la terre ou déposée dans les fentes et cavités où nous trouvons le cuivre sous cette forme de verdet. L’eau, en s’infiltrant dans les mines de cuivre, en détache des parties métalliques ; elle les divise en parties si ténues que souvent elles sont invisibles, et qu’on ne les peut reconnaître qu’au mauvais goût et aux effets encore plus mauvais de ces eaux cuivreuses, qui toutes découlent des endroits où gisent les mines de ce métal, et communément elles sont d’autant plus chargées de parties métalliques qu’elles en sont plus voisines : ce cuivre, dissous par les sels de la terre et des eaux, pénètre les matières qu’il rencontre : il se réunit au fer par cémentation, il se combine avec tous les sels acides et alcalins ; et, se mêlant aussi avec les autres substances métalliques, il se présente sous mille formes différentes, dont nous ne pourrons indiquer que les variétés les plus constantes.

Dans ses mines primordiales, le cuivre est donc sous sa forme propre de métal natif, comme l’or et l’argent vierge ; néanmoins il n’est jamais aussi pur dans son état de nature qu’il le devient après avoir été raffiné par notre art : dans cet état primitif, il contient ordinairement une petite quantité de ces deux premiers métaux ; ils paraissent tous trois avoir été fondus ensemble ou sublimés presque en même temps dans les fentes de la roche du globe ; mais, de plus, le cuivre a été incorporé et mêlé, comme le fer primitif, avec la matière vitreuse. Or, l’on sait que le cuivre exige plus de feu que l’or et l’argent pour entrer en fusion, et que le fer en exige encore plus que le cuivre : ainsi ce métal tient entre les trois autres le milieu dans l’ordre de la fusion primitive, puisqu’il se présente d’abord, comme l’or et l’argent, sous la forme de métal fondu, et encore comme le fer, sous la forme d’une pierre métallique. Ces pierres cuivreuses sont communément teintes ou tachées de vert ou de bleu ; la seule humidité de l’air ou de la terre donne aux particules cuivreuses cette couleur verdâtre, et la plus petite quantité d’alcali volatil la change en bleu ; ainsi ces masses cuivreuses, qui sont teintes ou tachées de vert ou de bleu, ont déjà été attaquées par les éléments humides ou par les vapeurs alcalines.

Les mines de cuivre tenant argent sont bien plus communes que celles qui contiennent de l’or ; et, comme le cuivre est plus léger que l’argent, on a observé que dans les mines mêlées de ces deux métaux, la quantité d’argent augmente à mesure que l’on descend ; en sorte que le fond du filon donne plus d’argent que de cuivre, et quelquefois même ne donne que de l’argent[1], tandis que, dans sa partie supérieure, il n’avait offert que du cuivre.

En général, les mines primordiales de cuivre sont assez souvent voisines de celles d’or

  1. Le cuivre se forme près de l’or et de l’argent, dans des pierres minérales de différentes couleurs, quoique toujours marquées de bleu et de vert. En suivant les veines de cuivre pur, on rencontre quelquefois de riches échantillons d’or très fin ; mais il est plus