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Quoique nous ayons dit que les veines de charbon étaient ordinairement couvertes et enveloppées par un schiste plus ou moins mêlé de terre végétale ou limoneuse, ce n’est cependant pas une règle sans exception, car il y a quelques mines où le toit et le sol de la veine de charbon sont de grès, et même de pierre calcaire plus ou moins dure : on en a des exemples dans les mines des territoires de Mons, de Juliers, et dans certains endroits de l’Allemagne, cités par le savant chimiste M. Lehmann ; on peut voir, dans le troisième volume de ses Essais sur l’histoire naturelle des couches de la terre, tous les lits qui surmontent et accompagnent les veines de charbon de terre en Misnie près de Vettin et de Loebegin ; en Thuringe dans le comté de Hoheinstein, dans tout le terrain qui environne le Hartz jusqu’auprès du comté de Mansfeld ; et encore les mines du duché de Brunswick près de Helmstadt. On voit, dans le tableau que M. Lehmann donne de ces différents lits, que les veines de charbon se trouvent également sous le schiste, sous une matière spatheuse, sous des pierres feuilletées composées d’argile et d’un peu de pierre calcaire, etc. ; et l’on peut observer que, dans les lits qui séparent les différentes veines de charbon, il n’y a ni ordre de matières, ni suite régulière, et que ces lits sont, dans tous les autres terrains à charbon, comme jetés au hasard, l’argile sur la marne, la pierre calcaire sur le schiste, les substances spathiques sur les sables argileux, etc.

Dans l’immense quantité de décombres et de débris de toute espèce qui surmontent et accompagnent les veines de charbon de terre, il se trouve quelquefois des métaux, des demi-métaux ou minéraux métalliques ; le fer y est abondamment répandu sous la forme d’ocre, et quelquefois en grains de mine[1] ; le cuivre et l’argent s’y trouvent plus rarement, et l’on doit regarder comme chose extraordinaire ce que l’on raconte de la mine de charbon de Chemnitz en Saxe qui contient un très beau vert-de-gris, et produit dans certains essais trente livres de bon cuivre de rosette et cinq onces et demie d’argent par quintal : il me paraît évident que cette quantité de cuivre et d’argent ne se trouve pas dans un quintal de charbon, et qu’on doit regarder cette mine de cuivre comme isolée et séparée de celle du charbon. Il en est à peu près de même des mines de calamine, qui sont assez fréquentes dans le pays de Liège : toutes les mines métalliques de seconde formation peuvent se trouver, comme celles de charbon, dans les couches de la terre qui sont elles-mêmes d’une formation secondaire. Il peut, par cette même raison, se trouver quelques filets ou grains de métal charriés et déposés par la stillation des eaux dans le charbon de terre, qui se seront formés dans cette matière de la même manière qu’ils se forment dans toutes les autres couches de la terre : ces mines métalliques secondaires et parasites tirent leur origine des anciens filons, et n’en sont que des particules détachées par l’eau ou déposées dans le sein de la terre par la décomposition des anciens filons métalliques ; et ce n’est que par ce moyen qu’il peut se trouver quelquefois dans le charbon de terre, comme dans toute autre matière, de petites portions de métaux. M. Kurella en donne quelques exemples ; il cite un morceau de charbon de terre qui laissait apercevoir une mine d’argent pur[2], et ce morceau venait apparemment des mines de Hesse, dans le charbon desquelles on trouve en effet un peu d’argent assez pur ; celle de Richenffein en Silésie contient de l’or ; une de celles du comté de Buckingham dans la Grande-Bretagne

  1. « En Angleterre, à Bilston, et à Brosely sur la Severne, le toit des veines de charbon est rempli de cailloux arrondis plus ou moins gros, qui sont de la vraie mine de fer : c’est une pierre compacte fort dure, sans cependant faire feu avec l’acier, et de couleur d’ardoise plus ou moins foncée ; elle est quelquefois mêlée de petites veines de cristallisations calcaires ; il faut la griller une et deux fois à l’air libre avant de la fondre avec du coke dans les hauts fourneaux ordinaires. » Note communiquée par M. le Camus de Limare. »
  2. Essais et expériences chimiques, in-8o.