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« En Pologne, dit M. Guettard, les forêts de Leibitz sont riches en veines de métaux, indiquées par les travaux qu’on y a faits anciennement ; il y a au pied de ces montagnes une mine d’argent découverte du temps de Charles XII[1]. »

Le Danemark, la Norvège[2] et presque toutes les contrées du nord ont aussi des mines d’argent dont quelques-unes sont fort riches, et nous avons au Cabinet de Sa Majesté de

    d’amiante, dont on avait trouvé plusieurs dans cette mine. » Œuvres de Regnard ; Paris, 1742, t. Ier, p. 204 et suiv.

  1. Mémoires de l’Académie des sciences de Paris, année 1762, p. 319.
  2. En Norvège, il y a plusieurs mines d’argent où il se trouve quelquefois des morceaux de ce métal qui sont d’une grandeur extraordinaire : on en conserve un dans le Cabinet du roi de Danemark, du poids de onze cent vingt marcs. On tire des pièces entières d’argent pur des mines de Kongsberg. La profondeur perpendiculaire d’une de ces mines est de cent trente toises ; ces mines sont sans suite, et néanmoins il n’y a peut-être que celles de Potosi qui rendent davantage. Histoire naturelle de Norvège, par Pontoppidan ; Journal étranger, mois d’août 1755. M. Jars vient de donner une description plus détaillée de ces mines de Kongsberg ; elles ont été découvertes par des filets d’argent qui se manifestaient au jour… On évalue le produit annuel de toutes les mines de ce département à 32 ou 33 mille marcs d’argent… Tous les rochers de cette partie de la Norvège sont très compacts et si durs, qu’on est obligé d’employer le feu pour les abattre… Les veines principales les plus riches sont presque toutes dans des rochers ferrugineux, et ces mines s’appauvrissent toutes à mesure que l’on descend, en sorte qu’il est très rare de trouver du minerai d’argent, lorsqu’on est descendu jusqu’au niveau de la rivière qui coule dans la vallée au-dessous de ces rochers. Les veines minérales renfermées dans les filons principaux sont fort étroites ; il est rare qu’elles aient au-dessus d’un pied d’épaisseur, elles n’ont même très souvent qu’un pouce ou quelques lignes. Ces veines ne produisent généralement point d’argent minéralisé, si l’on en excepte quelques morceaux de mine d’argent vitreuse que le hasard fait rencontrer quelquefois, encore moins de la mine d’argent rouge, mais toujours de l’argent vierge ou natif, extrêmement varié dans ses configurations ; elles sont remplies de différentes matières pierreuses, qui servent comme de matrice à ce métal, et forment un composé de spath calcaire, d’un autre fusible couleur d’améthyste, d’un spath verdâtre et d’un autre encore d’un blanc transparent, ressemblant assez à une sélénite et souvent recouvert de cuir fossile ou de montagne, qui tous sont unis à de l’argent vierge et en contiennent eux-mêmes ; ce métal se trouve encore dans un rocher de couleur grise, qui pourrait être regardé comme le toit et le mur desdits filons ; on le rencontre aussi, mais plus rarement, avec du mica.

    Dans tout ce mélange, on n’aperçoit aucune partie de quartz, mais bien dans les filons principaux où l’on trouve même de la pyrite riche en argent, dans laquelle ce métal se manifeste quelquefois, et où l’on voit des cristallisations de spath et de quartz… Ces filons contiennent aussi de la blende.

    L’argent est toujours massif dans le rocher et presque pur, c’est-à-dire avec peu de mélange… Plusieurs fois on en a détaché des morceaux qui pesaient depuis 20 jusqu’à 80 marcs. Dans la principale mine de Gottès hilf in der noth, située sur le filon de la montagne moyenne…, on trouva, il y a près de sept ans, à cent trente-cinq toises au-dessous de la surface de la terre, un seul morceau d’argent vierge presque pur, qui pesait 419 marcs… Cependant la forme la plus commune où l’on trouve ce métal est celle d’un fil plus ou moins gros, prenant toutes sortes de courbes et figures : quelques-uns ont un pied et plus de longueur ; d’autres ont la finesse des cheveux, seuls ou réunis ensemble en grande quantité par un seul point d’où ils partent, mais ordinairement mêlés à du spath ou du rocher ; d’autres encore forment différentes branches de ramifications de diverses grosseurs, dont la blancheur et le brillant annoncent toute la pureté du métal lorsqu’il est raffiné.

    On en trouve aussi en feuilles ou lames ; c’est communément à travers ou entre les lits d’un rocher gris schisteux, de manière que, dans un de ces morceaux qui pourrait avoir quatre pouces d’épaisseur, on rencontre quelquefois une, deux et même trois couches pénétrées de cet argent qui, quand on les sépare, présentent à chaque surface des feuilles très blanches et très minces.