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Rouergue[1], dans le Maine et dans l’Angoumois[2] ; et nouvellement on en a trouvé en Dauphiné, qui ont présenté d’abord d’assez grandes richesses. M. de Gensane en a reconnu quelques autres dans le Languedoc[3] ; mais le produit de la plupart de ces mines ne payerait pas la dépense de leur travail, et dans un pays comme la France, où l’on peut

    plusieurs autres qui sont abandonnées, ne sont néanmoins pas entièrement épuisées, d’autant plus que les anciens, n’ayant pas l’usage de la poudre, ne pouvaient pas faire éclater les rochers durs ; ils ne pouvaient que les calciner à force de bois qu’ils arrangeaient dans ces souterrains, et auxquels ils mettaient le feu ; et, lorsque le rocher trop dur ne se brisait pas après cette calcination, ils abandonnaient le filon… Il paraît aussi, par les Annales de l’abbaye de Villemagne et par d’anciens titres des seigneurs de Beaucaire, qu’à la fin du quatorzième siècle, les mines de France étaient encore aussi riches qu’aucune de l’Europe. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1756, p. 134 et suiv. — « Sur les montagnes Noires, en Languedoc, il y a, dit César Arcon (en 1667), une mine d’argent, à laquelle le seigneur de Canette fit travailler jusqu’à ce qu’elle fût inondée. Il y en a une autre à Lanet, dont sept quintaux de minerai donnaient un quintal de cuivre et quatre marcs d’argent ; mais au bout de cinq ans on l’abandonna à cause de la mauvaise odeur. Il y a d’autres filons dans la même montagne : il y a aussi une mine à Davesan, dont on tirait par quintal de matières dix onces d’argent et un peu de plomb… On a fait autrefois de grands travaux dans le pays de Corbières pour cultiver des minerais de cuivre, de plomb et d’antimoine… On y a trouvé quelques rognons métalliques de six à sept quintaux chacun, qui donnaient dix onces d’argent par quintal, avec un peu de plomb et de cuivre. » Barba, Métallurgie, t. II, p. 268 et 276.

  1. On voit, par les registres de l’hôtel de ville de Villefranche, en Rouergue, qu’il y a eu anciennement des mines d’argent ouvertes aux environs, auxquelles on a travaillé jusque dans le seizième siècle. Description de la France, par Piganiol ; Paris, 1718, t. IV, p. 208. — Strabon, qui vivait du temps d’Auguste, dit que les Romains tiraient de l’argent du Gévaudan et du Rouergue, et qu’ils creusèrent aussi dans les Pyrénées pour en tirer ce métal ainsi que l’or. Il ajoute que le pays situé entre les Pyrénées et les Alpes avait fourni beaucoup de ce dernier métal, et que l’or devint plus commun à Rome après la conquête des Gaules… César, dans ses Commentaires, dit que les mines avaient été travaillées même avant la conquête, et il fallait qu’il y eût en effet beaucoup d’or dans les Gaules, vu la quantité que César en fit passer en Italie, et qui y fut vendu à bas prix (1 500 petits sesterces le marc, ce qui ne revient, selon Budé, qu’à 62 livres 10 sous de notre monnaie). Mémoires de l’Académie des sciences, année 1756, p. 134 et suiv.
  2. Il fallait qu’il y eût autrefois des mines d’or et d’argent dans le Maine, puisque l’art. lxx de la Coutume du Maine porte que la fortune d’or trouvée en mine appartient au roi, et la fortune d’argent, pareillement trouvée en mine, au comte vicomte de Beaumont, et baron. Idem, p. 178. — On a découvert à Montmeron, proche Angoulême, une mine d’argent, mais on ne l’a pas exploitée. Voyage historique de l’Europe ; Paris, 1693, t. Ier, p. 88.
  3. Au-dessous du château de Tournel, on nous a fait voir, auprès du moulin qui est sur le bord de la rivière, un très beau filon de mine de plomb et argent. Cette mine, qui n’a point été touchée, mériterait d’être exploitée, parce que la veine se suit très bien ; on y remarque sur la tête qui paraît au jour de la pyrite mêlée avec de la mine de plomb sur toute sa longueur, ce qui en caractérise la bonté… Il y a auprès du village de Mataval un filon de mine de plomb et argent… À une demi-lieue de Bahours, on trouve au fond d’un vallon une mine de plomb qui rend depuis sept jusqu’à neuf onces d’argent par quintal de minerai ; le filon traverse le ruisseau et se prolonge des deux côtés dans l’intérieur et le long des montagnes opposées. Histoire naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. II, p. 22, 240 et 248. — Au-dessous de la paroisse de Saint-André, diocèse d’Uzès, au lieu appelé l’Estrade, il y a un très bon filon de mine d’argent grise. Idem, t. Ier, p. 167. — Il y a dans la montagne appelée les Cacarnes, diocèse de Pons, une mine de plomb et argent fort riche, mais le minéral n’y est pas abondant ; il y a une autre mine semblable, mais moins riche en argent, au lieu appelé Brioun, le tout dans le territoire de Riouset. Idem, t. II, p. 209. — En remontant de Colombières vers Donts, on trouve près de ce dernier endroit de très