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Pérou[1], surtout plus que celui des mines de Sainte-Pécaque, que l’on transporte à Compostelle.

Les relateurs s’accordent à dire que la province de Carthagène fournissait autrefois beaucoup d’or ; et l’on y voit encore des fouilles et des travaux très anciens, mais ils sont actuellement abandonnés[2] : c’est au Pérou que le travail de ces mines est aujourd’hui en pleine exploitation[3]. Frézier remarque seulement que les mines d’or sont assez rares dans la partie méridionale de ce royaume[4], mais que la province de Popayan en est remplie, et que l’ardeur pour les exploiter semble être toujours la même. M. d’Ulloa dit que chaque jour on y découvre de nouvelles mines qu’on s’empresse de mettre en valeur, et nous ne pouvons mieux faire que de rapporter ici ce que ce savant naturaliste péruvien a écrit sur les mines de son pays : « Les Partidos ou districts de Celi, de Buga, d’Amalguer et de Barbocoas sont, dit-il, les plus abondants en métal, avec l’avantage que l’or y est très pur, et qu’on n’a pas besoin d’y employer le mercure pour le séparer des parties étrangères ; les mineurs appellent Minas de Çaxa celles où le minéral est renfermé entre des pierres : celles de Popayan ne sont pas dans cet ordre ; car l’or s’y trouve répandu dans les terres et les sables… Dans le bailliage de Choco, outre les mines qui se traitent au lavoir, il s’en trouve quelques-unes où le minerai est enveloppé d’autres matières métalliques et de sacs bitumineux, dont on ne peut le séparer qu’au moyen du mercure. Le platine est un autre obstacle qui oblige quelquefois d’abandonner les mines : on donne ce nom à une pierre si dure que, ne pouvant la briser sur une enclume d’acier, ni la réduire par calcination, on ne peut tirer le minerai qu’elle renferme qu’avec un travail et des frais extraordinaires. Entre toutes ces mines, il y en a plusieurs où l’or est mêlé d’un tombac aussi fin que celui de l’Orient, avec la propriété singulière de ne jamais engendrer de vert-de-gris, et de résister aux acides.

» Dans le bailliage de Zaruma au Pérou, l’or des mines est de si bas aloi qu’il n’est quelquefois qu’à 18 et même à 16 carats, mais cette mauvaise qualité est réparée par l’abondance… Le gouvernement de Jaën de Bracamoros a des mines de la même espèce, qui rendaient beaucoup il y a un siècle[5]… Autrefois, il y avait quantité de mines d’or ouvertes dans la province de Quito, et plus encore de mines d’argent… On a recueilli des grains d’or dans les ruisseaux qui tirent leur source de la montagne de Pitchincha ; mais rien ne marque qu’on y ait ouvert des mines… Le pays de Pattactanga,

  1. Histoire générale des Voyages, t. XI, p. 389.
  2. Idem, t. XIII, p. 245.
  3. Il y a des mines d’or dans le diocèse de Truxillo, au Pérou, dans le Corrégiment de Patas. Idem, p. 307. — Et au diocèse de Guamangua, dans le Corrégiment de Parinacocha ; on en trouve au Corrégiment de Cotabamba et de Chumbi-Vilcas, au diocèse de Cusco ; dans celui d’Aymaraes, au même diocèse ; dans celui de Caravaya, dont l’or est à vingt-trois carats ; dans celui de Condefuios d’Arequipa, au diocèse de ce nom ; dans celui de Chicas, au diocèse de la Plata ; dans celui de Lipe, dont les mines sont abandonnées aujourd’hui ; dans celui d’Amparaes ; celui de Choyantas ; celui de la Paz, dans le diocèse de ce nom ; celui de Laricanas, qui est de l’or à vingt-trois carats et trois grains, dans le même diocèse de la Paz. Idem, p. 307 jusqu’à 320.
  4. Suivant Frézier, les mines d’or sont rares dans la partie méridionale du Pérou, et il ne s’en trouve que dans la province de Guanaco, du côté de Lima ; dans celle de Chicas, où est la ville de Tarja et proche de la Paz ; à Chuguiago, où l’on a trouvé des grains d’or vierge d’une prodigieuse grosseur, dont l’un, entre autres, pesait soixante-quatre marcs, et un autre quarante-cinq marcs, de trois alois différents. Idem, t. XIII, p. 589.
  5. La petite province de Zaruma, dit M. de La Condamine, était autrefois célèbre par ses mines d’or, qui sont aujourd’hui presque abandonnées ; l’or en est de bas aloi, et seulement de quatorze carats ; il est mêlé d’argent et ne laisse pas d’être fort doux sous le marteau. Voyage de M. de La Condamine, p. 21.