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d’Ofur ou Monomotapa ne paraît pas encore avoir diminué, quoiqu’il y ait toute apparence que, de temps immémorial, la plus grande partie de l’or qui circulait dans les provinces orientales de l’Afrique, et même en Arabie, venait de ce pays de Sofala. Les principales mines sont situées dans les montagnes, à cinquante lieues et plus de distance de la ville de Sofala : les eaux qui découlent de ces montagnes entraînent une infinité de paillettes d’or et de grains assez gros[1]. Ce métal est de même très commun à Mozambique[2] ; enfin l’île de Madagascar participe aussi aux richesses du continent voisin ; seulement il paraît que l’or de cette île est d’assez bas aloi, et qu’il est mêlé de quelques matières qui le rendent blanc, et lui donnent de la mollesse et plus de fusibilité[3].

L’on doit voir assez évidemment par cette énumération de toutes les terres qui ont produit et produisent encore de l’or, tant en Europe qu’en Asie et en Afrique, combien peu nous était nécessaire celui du nouveau monde ; il n’a servi qu’à rendre presque nulle la valeur du nôtre ; il n’a même augmenté que pendant un temps assez court la richesse de ceux qui le faisaient extraire pour nous l’apporter ; ces mines ont englouti les nations amé-

    les montagnes qui bordent la rivière de Cuama, on trouve de l’or en plusieurs endroits, soit dans les mines, ou dans les pierres, ou dans les rivières ; il y en a aussi beaucoup dans le royaume de Butna. Recueil des Voyages de la Compagnie des Indes, t. III, p. 625. — C’est du Monomotapa et du côté de Sofala et de Mozambique que se tire l’or le plus pur de l’Afrique ; on le tire sans grande peine en fouillant la terre de deux ou trois pieds seulement, et dans ces pays, qui ne sont point habités, parce qu’il n’y a point d’eau, il se trouve sur la surface de la terre de l’or par morceaux de toutes sortes de formes et de poids, et il y en a qui pèsent jusqu’à une ou deux onces. Tavernier, t. IV, p. 86 et suiv.

  1. Il y a des mines d’or qui sont à cent et à deux cents lieues de Sofala, et l’on y rencontre, aussi bien que dans les fleuves, l’or en grains, quelques-uns dans les veines des rochers, d’autres qui ont été entraînés l’hiver par les eaux, et les habitants le cherchent l’été quand les eaux sont basses ; ils se plongent dans les tournants et en tirent du limon, qui, étant lavé, il se trouve de gros grains d’or en plus ou moindre quantité. L’Afrique de Marmol, t. III, p. 113. — Entre Mozambique et Sofala, on trouve une grande quantité d’or pur et en poudre dans le sable d’une rivière qu’on appelle le fleuve Noir… Tout cet or de Sofala est en paillettes, en poudre et en petits grains, et fort pur. Voyage de Fr. Pyrard de Laval, t. II, p. 247. — Les Cafres de Sofala font des galeries sous terre pour tâcher de trouver les mines d’or, dont ils recueillent les paillettes et les grains que les torrents et les ruisseaux entraînent avec les sables, et il arrive souvent qu’ils trouvent, au moyen de leurs travaux, des mines assez abondantes, mais toujours mêlées de sable et de terre, et quelquefois en ramifications dans les pierres. Hist. de l’Éthiopie, par le P. Joan dos Santos ; Paris, 1684, part. ii, p. 115 et 116.
  2. À Mozambique, la poudre d’or est commune et sert même de monnaie ; on en apporte aussi du cap des Courants ; elle se trouve au pied des montagnes ou dans les sables amenés par les eaux. Quelquefois il s’en trouve de gros morceaux très purs ; j’en ai vu un d’une demi-livre pesant, mais cela est fort rare. Voyage de Jean Moquet ; Rouen, 1645, liv. iv, p. 260.
  3. On voit, par le témoignage de Flacourt, qu’il y avait anciennement beaucoup d’or à Madagascar, et qu’il était tiré du pays même ; cet or n’était en aucune façon semblable à celui que nous avons en Europe, étant, dit-il, plus blafard et presque aussi aisé à fondre que du plomb. Leur or a été fouillé dans le pays en diverses provinces, car tous les grands en possèdent et l’estiment beaucoup… Les orfèvres du pays ne sauraient employer notre or, disant qu’il est trop dur à fondre. Voyage à Madagascar ; Paris, 1661, p. 83. — Il y a tant d’or à Madagascar, qu’il n’est pas possible qu’il y ait été apporté des pays étrangers ; il a été tiré dans le pays même. Il y en a de trois sortes : le premier qu’ils appellent or de Malacasse, qui est blafard, et ne vaut pas plus de dix écus l’once ; c’est un or qui se fond presque aussi aisément que le plomb. Il y a de l’or que les Arabes ont apporté, et qui est beau, bien raffiné, et vaut bien l’or de sequin ; le troisième est celui que les chrétiens y ont apporté, et qui est dur à fondre. L’or de Malacasse est celui qui a été fouillé dans le pays. Idem, p. 148.