Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

l’or en Afrique[1]. La recherche de ce métal suivit de près ces offres ; car, en 1461, on fit commerce de l’or de la Mina[2] (or de la mine) au cinquième degré de latitude nord, sur cette même côte qu’on a depuis nommée la Côte d’Or. Il y avait néanmoins de l’or dans les parties de l’Afrique anciennement connues, et dans celles qui avaient été découvertes longtemps avant le cap Bajador ; mais il y a toute apparence que les mines n’en avaient pas été fouillées ni même reconnues ; car le voyageur Roberts est le premier qui ait indiqué des mines d’or dans les îles du Cap-Vert[3]. La Côte d’Or est encore aujourd’hui l’une des parties de l’Afrique qui produisent la plus grande quantité de ce métal ; la rivière d’Axim en charrie des paillettes et des grains qu’elle dépose dans le sable en assez grande quantité pour que les Nègres prennent la peine de plonger et de tirer ce sable du fond de l’eau[4].

  1. « Gonzalez reçut, pour la rançon de deux jeunes gens qu’il y avait faits prisonniers, une quantité considérable de poudre d’or ; ce fut la première fois que l’Afrique fit luire ce précieux métal aux yeux des aventuriers portugais, et cette raison leur fit donner à un ruisseau, à environ six lieues dans les terres, le nom de Rio d’Oro. » Histoire générale des Voyages, t. Ier, p. 7.
  2. Desmarchais dit que les habitants du canton de Mina… tirent beaucoup d’or de leurs rivières et des ruisseaux ; il assure qu’à la distance de quelques lieues au nord et au nord-est du château, il y a plusieurs mines de ce métal, mais que les Nègres du pays n’ont pas plus d’habileté à les faire valoir que ceux de Bambuk et de Tombut en ont dans le royaume de Galam. Cependant, continue-t-il, elles doivent être fort riches, pour avoir fourni aussi longtemps autant d’or que les Portugais et les Hollandais en ont tiré. Pendant que les Portugais étaient en possession de Mina, ils ne prenaient pas la peine d’ouvrir leurs magasins, si les marchands nègres n’apportaient cinquante marcs d’or à la fois. Les Hollandais qui sont établis dans le même lieu, depuis plus d’un siècle, en ont apporté d’immenses trésors ; on prétend qu’ils ont fait de grandes découvertes dans l’intérieur des terres, mais qu’ils jugent à propos de les cacher au public. Idem, t. IV, p. 44.
  3. Dans l’île Saint-Jean, au cap Vert, le voyageur Roberts grimpa sur un des rochers, où il trouva de l’or en filets dans la pierre, et entre autres une partie plus grosse et longue comme le doigt, qu’il eut de la peine à tirer du roc dans lequel la veine d’or s’enfonçait beaucoup plus. Idem, t. II, p. 295.
  4. Histoire générale des Voyages, t. II, p. 530 et suiv. — Sur la côte d’Or en Afrique, la rivière d’Axim, qui roule des paillettes d’or, est à peine navigable. Les habitants cherchent ce métal dans le fond de cette rivière, en s’y plongeant et ramassant une quantité de sable, dont ils remplissent une calebasse avant de reparaître sur l’eau ; ensuite ils cherchent l’or dans cette matière qu’ils ont rapportée dans leurs calebasses : il se trouve en paillettes et en grains après le lavage de cette matière. Dans la saison des pluies, où la rivière d’Axim et les ruisseaux qui y aboutissent se gonflent considérablement, on trouve dans leur sable des grains d’or plus gros et en plus grande quantité ; cet or est très pur. Bosman, ibid., t. IV, p. 19. — L’or le plus fin de la côte d’Or est celui d’Axim ; on assure qu’il est à vingt-deux et même vingt-trois carats : celui d’Acra ou de Tasor est inférieur ; celui d’Akanez et d’Achem suit immédiatement, et celui de Fétu est le pire… Les peuples d’Axim et d’Achem le tirent du sable de leurs rivières… L’or d’Acra vient de la montagne de Tafu, qui est à trente lieues dans l’intérieur des terres… L’or d’Akanez et de Fétu est tiré de la terre sans grande fatigue… mais l’or de ce pays ne passe jamais de vingt à vingt et un carats… Rien n’est si commun parmi ces Nègres que les bracelets et les ornements d’or… La vaisselle de leurs rois, leurs fétiches sont entièrement d’or… Ils distinguent de trois sortes d’or, le fétiche, les lingots et la poudre. L’or fétiche est fondu et communément allié à quelque autre métal ; les lingots sont des pièces de différents poids, tels, dit-on, qu’ils sont sortis de la mine, M. Phips en avait un qui pesait trente onces : cet or est aussi très sujet à l’alliage. La meilleure poudre d’or est celle qui vient des royaumes intérieurs de Dumkira, d’Akim et d’Akanez ; on prétend qu’elle est tirée du sable des rivières. Les habitants creusent des trous dans la terre, près des lieux où l’eau tombe des montagnes, et l’or y est arrêté par son poids… Les Nègres de cette côte ont des filières pour tirer de l’or en fil. Histoire générale des Voyages, t. IV, p. 215 et 216.