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L’île de Célèbes ou de Macassar produit aussi de l’or que l’on tire du sable des rivières[1] : il en est de même de l’île de Bornéo[2], et dans les montagnes de l’île de Timor, il se trouve de l’or très pur[3]. Il y a aussi quelques mines d’or et d’argent aux Maldives[4], à Ceylan[5], et dans presque toutes les îles de la mer des Indes jusqu’aux îles Philippines, d’où les Espagnols en ont tiré une quantité assez considérable[6].

Dans la partie méridionale du continent de l’Asie, on trouve, comme dans les îles, de très riches mines d’or, à Camboye[7], à la Cochinchine[8], au Tunquin[9], à la Chine où plusieurs rivières en charrient[10] ; mais, selon les voyageurs, cet or de la Chine est

  1. Voyages de Tavernier, t. IV, p. 85.
  2. Histoire générale des Voyages, t. XI, p. 485.
  3. Idem, ibidem, p. 249.
  4. Découvertes des Portugais, par le P. Laffiteau ; Paris, 1733, t. Ier, p. 553.
  5. Recueil des Voyages des Hollandais ; Amsterdam, 1702, t. II, p. 256 et 510.
  6. Dans les montagnes de l’île de Masbaste, l’une des Philippines, il y a de riches mines d’or à vingt-deux carats, et le contre-maître du galion le Saint-Joseph, sur lequel je passai à la Nouvelle-Espagne, y étant un jour descendu, en tira en peu de temps une once et un quart d’or très fin ; on ne travaille point aujourd’hui à ces mines. Gemelli Carreri, Voyages autour du monde, t. V, p. 89 et 90. — Dans plusieurs autres des îles Philippines, les montagnes contiennent aussi des mines d’or, et les rivières en charrient dans leurs sables : le gouverneur m’a dit que l’on ramasse en tout environ pour deux cent mille pièces de huit tous les ans, ce qui se fait sans le secours du feu ni de mercure, d’où l’on peut conjecturer quelle prodigieuse quantité on en tirerait, si les Espagnols voulaient s’y attacher comme ils ont fait en Amérique…

    La province de Paracule en a plus qu’aucune autre, aussi bien que les rivières de Boxtuan, des Pintados, de Cantanduam, de Masbaste et de Bool, ce qui faisait qu’autrefois un nombre infini de vaisseaux en venaient trafiquer. Idem, ibidem, t. V, p. 123 et 124. — Les habitants de Mindanao trouvent de fort bon or en creusant la terre et dans les rivières, en y faisant des fosses avant que le flot arrive. Idem, p. 208. — L’or se trouve presque dans toutes les îles Philippines ; on en trouvait autrefois beaucoup : on m’a assuré que la quantité qu’on en tirait, soit des mines, soit des sables que les rivières charrient, montait à deux cent mille piastres, année commune… Mais à présent le travail des mines est négligé… et malgré tous les encouragements que la cour de Madrid a accordés aux Manillois, on tire aujourd’hui très peu d’or des Philippines. Voyages dans les mers de l’Inde, par M. le Gentil, t. II, p. 30 et 31 ; Paris, 1781, in-4o.

  7. Mendez Pinto rapporte qu’entre les royaumes de Camboye et de Campa, en Asie, est une rivière qui se décharge dans la mer, à neuf degrés de latitude nord, et vient du lac Binator, qui est à deux cent cinquante lieues dans les terres, que ce lac est environné de hautes montagnes, au pied desquelles on trouve des mines d’or, dont la plus riche est auprès du village nommé Chincaleu, et que l’on tirait de ces mines chaque année pour la valeur de vingt-deux millions de notre monnaie. Histoire générale des Voyages, t. X, p. 327 et 328.
  8. Idem, t. IX, p. 34.
  9. Dans la partie septentrionale du Tunquin, il y a plusieurs montagnes qui produisent de l’or. Voyages de Dampier, t. III, p. 25.
  10. Dans la province de Kokonor, il y a une rivière nommée en langue mongole Altan-kol ou rivière d’or, qui est peu profonde et se rend dans les lacs de Tsing-fuhay ; les habitants du pays emploient tout l’été à recueillir l’or de Kokonor… Cet or, venu apparemment des montagnes voisines, est fort estimé, et se vend dix fois son poids d’argent… La rivière de Chy-chakyang, dont le nom chinois signifie rivière d’or, comme Altan-kol en langue mongole, charrie aussi de l’or. Hist. générale des Voyages, t. VII, p. 108. — Il y a non seulement à la Chine des rivières qui charrient de l’or, mais des minières dans les montagnes de Se-chuen et de Yun-nan, du côté de l’ouest ; la seconde de ces provinces passe pour la plus riche : elle reçoit beaucoup d’or d’un peuple nommé Lolo, qui occupe les parties voisines