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les a abandonnées comme en Europe, parce que la dépense excédait le produit, et aujourd’hui tout l’or et l’argent de Perse vient des pays étrangers[1].

Les montagnes qui séparent le Mogol de la Tartarie sont riches en mines d’or et d’argent ; les habitants de la Buckarie recueillent ces métaux dans le sable des torrents qui tombent de ces montagnes[2]. Dans le Thibet, au delà du royaume de Cachemire, il y a trois montagnes, dont l’une produit de l’or, la seconde des grenats, et la troisième du lapis ; il y a aussi de l’or au royaume de Tipra[3] et dans plusieurs rivières de la dépendance du Grand Lama, et la plus grande partie de cet or est transportée à la Chine[4]. On a reconnu des mines d’or et d’argent dans le pays d’Azem, sur les frontières du Mogol[5]. Le royaume de Siam est l’un des pays du monde où l’or paraît être le plus commun[6] ; mais nous n’avons aucune notice sur les mines de cette contrée : la partie de l’Asie où l’on trouve le plus d’or est l’île de Sumatra ; les habitants d’Achem en recueillent sur le penchant des montagnes, dans les ravines creusées par les eaux : cet or est en petits morceaux et passe pour être très pur[7] : d’autres voyageurs disent, au contraire, que cet or d’Achem est de très bas aloi, même plus bas que celui de la Chine ; ils ajoutent qu’il se trouve à l’ouest ou sud-ouest de l’île, et que quand les Hollandais vont y chercher le poivre, les paysans leur en apportent une bonne quantité[8] : d’autres mines d’or, dans la même île, se trouvent aux environs de la ville de Tikon[9] ; mais aucun voyageur n’a donné d’aussi bons renseignements sur ces mines que M. Herman Grimm, qui a fait sur cela, comme sur plusieurs autres sujets d’histoire naturelle, de très bonnes observations[10].

  1. Les Persans ont cessé le travail de leurs mines depuis que l’or et l’argent sont devenus communs, tant par celui qu’on leur porte d’Europe que par la quantité d’or très considérable qui sort de l’Abyssinie, de l’île de Sumatra, de la Chine et du Japon. Voyages de Tavernier ; Rouen, 1713, t. II, p. 12 et 263.
  2. Histoire générale des Voyages, t. VIII, p. 211.
  3. Voyages de Tavernier, etc., t. IV, p. 86.
  4. Histoire générale des Voyages, t. VI, p. 108.
  5. Voyages de Tavernier, etc., t. IV, p. 193.
  6. L’or paraît être extrêmement commun à Siam, si l’on en juge par la vaisselle du roi et de l’éléphant blanc, qui est toute d’or, et par plusieurs grandes pagodes et autres ornements qui sont d’or massif dans les temples et les palais. Histoire de Siam, par Gervaise ; Paris, 1688, p. 296.
  7. Lettres édifiantes ; Paris, 1703, troisième Recueil, p. 73.
  8. Voyages de Tavernier, t. IV, p. 85.
  9. Histoire générale des Voyages, t. IX, p. 34.
  10. Selon M. Herman-Nicolas Grimm, les mines de Sumatra se trouvent dans des montagnes qui sont à trois milles environ de Sillida ; elles appartiennent à la Compagnie hollandaise des Indes orientales : leur profondeur est de quatorze toises à peu près ; elles sont percées de routes souterraines… Les filons varient depuis un doigt jusqu’à deux palmes ; on y trouve : 1o une mine d’argent noirâtre dans du spath blanc ; elle est entremêlée de filets brillants couleur d’or… Cette mine est riche en or et en argent ;

    2o Une autre mine d’argent, entrecoupée de plusieurs stries d’or ; le filon n’a guère qu’un doigt de diamètre en certains endroits ;

    3o Une mine grise, semée de points noirâtres ; elle donne un marc d’argent, et près de deux onces d’or par quintal… ;

    4o Une mine qui se trouve par morceaux détachés, couverte d’efflorescence d’argent, de couleur bleuâtre ; elle contient aussi du fer : son produit est de dix à douze marcs d’argent, avec quelques onces d’or par quintal…

    Non loin de cette mine est un endroit appelé Tambumpuora, où les naturels du pays recueillent de l’or… Il y a une crevasse ou ravine dans la montagne par où l’eau tombe dans le vallon ; ils prennent la terre et le sable de cette ravine, en font la lotion, et trouvent l’or au fond des vaisseaux. Collection académique, t. VI, p. 296 et suiv.