Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en a dans plusieurs rivières des diocèses d’Uzès et de Montpellier[1] : ces grains et paillettes d’or, qui se trouvent dans les rivières et terres adjacentes, viennent, comme je l’ai dit, des mines renfermées dans les montagnes voisines ; mais on ne connaît actuellement qu’un très petit nombre de ces mines en montagnes[2] : il y en a une dans les Vosges près de Steingraben, où l’on a trouvé des feuilles d’or vierge d’un haut titre, dans un spath fort blanc[3] ; une autre à Saint-Marcel-lez-Jussey en Franche-Comté, que l’éboulement des terres n’a pas permis de suivre. Les Romains ont travaillé des mines d’or à la montagne d’Orel en Dauphiné ; et l’on connaît encore aujourd’hui une mine d’argent tenant or, à l’Hermitage, au-dessus de Tain, et dans la montagne du Pontel en Dauphiné : on en a aussi reconnu à Banjoux en Provence ; à Londat, à Rivière et à la montagne d’Argentière, dans le comté de Foix, dans le Bigorre, en Limousin, en Auvergne, et même en Normandie et dans l’Île-de-France[4] ; toutes ces mines et plusieurs autres étaient autrefois bien connues et même exploitées ; mais l’augmentation de la quantité du métal venu de l’étranger a fait abandonner le travail de ces mines, dont le produit n’aurait pu payer la dépense, tandis qu’anciennement ce même travail était très profitable.

En Hongrie, il y a plusieurs mines d’or dont on tirerait un grand produit, si ce métal n’était pas devenu si commun ; la plupart de ces mines sont travaillées depuis longtemps, surtout dans les montagnes de Cremnitz et de Schemnitz[5], où l’on trouve encore de temps en temps quelques nouveaux filons : il y en avait sept en exploitation dans le temps d’Alphonse Barba, qui dit que la plus riche était celle de Cremnitz[6] ; elle est

    puits et des fondements, on en tire des terres remplies de paillettes d’or… Les plus grandes paillettes sont de trois à quatre lignes de longueur, et toujours plus longues que larges ; il y en a de si petites qu’elles sont imperceptibles, quelques-unes ont les angles aigus, mais la plupart les ont arrondis, il y en a même qui sont repliées : il y a aussi des grains de différentes grosseurs… Il y a des cailloux qui sont presque couverts et entourés par une lame d’or ; ils sont tous de la nature du quartz, mais ils sont de différentes couleurs… Il y a trois espèces de ces cailloux : les premiers sont ferrugineux et rougeâtres, et extrêmement durs ; les seconds sont aussi ferrugineux et colorés de roussâtre et de noir ; les troisièmes sont blanchâtres et fournissent les plus gros grains d’or. Pour en tirer les paillettes, on pile ces cailloux dans un mortier de fer, et on les réduit en poudre. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1761, p. 198 et suiv.

  1. Dans le diocèse de Montpellier, on cherche des paillettes d’or le long de la rivière de l’Hérault ; j’en ai vu une qui pesait près d’un gros, elle était fort mince, mais large, et les arpailleurs m’assurèrent qu’il y avait peu de temps qu’ils en avaient trouvé une qui pesait au delà d’une demi-once… Ces paillettes se trouvaient entre deux bancs de roche qui traversent la rivière, et ils ne pouvaient en avoir que lorsque les eaux étaient basses. Histoire naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. Ier, p. 193.
  2. Le pays des Tarbelliens, que quelques-uns disent être le territoire de Tarbes, d’autres celui de Dax, produisait autrefois de l’or, suivant le témoignage de Strabon : « Aquitaniæ solum, quod est ad littus Oceani, majore sui parte arenosum est et tenue… Ibi est etiam sinus isthmum efficiens, qui pertinet ad sinum Gallicum in Narbonensi orâ, idemque cum illo sinu hic sinus nomen habet : Tarbelli hunc sinum tenent, apud quos optima sunt auri metalla ; in fossis enim non altè actis inveniuntur auri laminæ manum implentes, aliquando exiguâ indigentes repurgatione ; reliquium ramenta et glebæ sunt, ipsæ quoque non multum operis desiderantes. » Strabon, lib. iv.
  3. Mémoires sur l’exploitation des mines, par M. de Gensane, dans ceux des Savants étrangers, t. IV, p. 141.
  4. Hellot, Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 1 jusqu’à 68.
  5. Gazette d’agriculture, article Pétersbourg, du 22 août 1775.
  6. Les sept mines d’or de Hongrie ne sont pas éloignées les unes des autres ; voici leurs noms : Cremnitz, Schemnitz, Newsol, Koningsberg, Bohentz, Libeten et Hin. On trouve dans celle de Cremnitz des morceaux de pur or. Métallurgie d’Alphonse Barba, t. II, p. 285.