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relatifs à la recherche de ce métal, et que nous ferons l’énumération des différents lieux où il se trouve.

En France, le Rhin, le Rhône, l’Arve[1], le Doubs, la Cèse, le Gardon, l’Ariège, la Garonne, le Salat[2], charrient des paillettes et des grains d’or qu’on trouve dans leurs sables, surtout aux angles rentrants de ces rivières. Ces paillettes ont souvent leurs bords arrondis ou repliés, et c’est par là qu’on les distingue encore plus aisément que par le poids, des paillettes de mica, qui quelquefois sont de la même couleur, et ont même plus de brillant que celles d’or. On trouve aussi d’assez gros grains d’or dans les rigoles formées par les eaux pluviales, dans les terrains montagneux de Fériés et de Bénagues : on a vu de ces grains, dit M. Guettard, qui pesaient une demi-once ; ces grains et paillettes d’or sont accompagnés d’un sable ferrugineux : il ajoute que, dès qu’on s’éloigne de ces montagnes, seulement de cinq ou six lieues, on ne trouve plus de grains d’or, mais seulement des paillettes très minces. Cet académicien fait encore mention de l’or en paillettes qu’on a trouvé en Languedoc et dans le pays de Foix[3]. M. de Gensane dit aussi qu’il y

  1. Voyage de Misson, t. III, p. 73.
  2. Les rivières de France qui charrient de l’or sont : 1o le Rhin ; on trouve des paillettes d’or dans les sables de ce fleuve, depuis Strasbourg jusqu’à Philisbourg ; elles sont plus rares entre Strasbourg et Brissac, où le Rhin est plus rapide… L’endroit de ce fleuve où il en dépose davantage est entre le Fort-Louis et Guermesheim ; mais tout cela se réduit à une assez petite quantité, puisque, sur deux lieues d’étendue que le magistrat de Strasbourg donne à ferme pour en tirer les paillettes d’or, on ne lui en porte que quatre ou cinq onces par an, ce qui vient de ce que les arpailleurs sont en trop petit nombre, encore plus que de la disette d’or, car on en pourrait tirer une bien plus grande quantité : on paye les arpailleurs à raison de trente à quarante sous par jour ;

    2o Le Rhône roule, dans le pays de Gex, assez de paillettes d’or pour occuper pendant l’hiver quelques paysans, à qui les journées valent à peu près depuis douze jusqu’à vingt sous. Ils s’attachent principalement à lever les grosses pierres ; ils enlèvent le sable qui les environne, et c’est de ce sable qu’ils tirent les paillettes : on ne trouve ces paillettes que depuis l’embouchure de la rivière d’Arve dans le Rhône, jusqu’à cinq lieues au-dessous ;

    3o Le Doubs, mais les paillettes d’or y sont assez rares ;

    4o La petite rivière de Cèse, qui tire son origine d’auprès de Ville-Fort, dans les Cévennes : dans plusieurs lieues de son cours, on trouve partout à peu près également des paillettes, communément beaucoup plus grandes que celles du Rhône et du Rhin ;

    5o La rivière du Gardon, qui, comme celle de Cèse, vient des montagnes des Cévennes, entraîne aussi des paillettes d’or, à peu près de même grandeur et en aussi grand nombre ;

    6o L’Ariège, dont le nom indique assez qu’elle charrie de l’or : on en trouve en effet des paillettes dans le pays de Foix, mais c’est aux environs de Pamiers qu’elle en fournit le plus ; elle en route aussi dans le territoire de l’évêché de Mirepoix ;

    7o On fait tous les ans dans la Garonne, à quelques lieues de Toulouse, une petite récolte de paillettes d’or ; mais il y a lieu de croire qu’elle en tire la plus grande partie de l’Ariège, car ce n’est guère qu’au-dessous du confluent de cette dernière rivière qu’on les cherche. L’Ariège elle-même paraît tirer ses paillettes de deux ruisseaux supérieurs, savoir celui de Ferriet et celui de Benagues ;

    8o Le Salat, dont la source, comme celle de l’Ariège, est dans les Pyrénées, roule des paillettes d’or que les habitants de Saint-Giron ramassent pendant l’hiver. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1778, p. 69 et suiv.

    On sait, par des anecdotes certaines, que la monnaie de Toulouse recevait ordinairement chaque année deux cents marcs de cet or recueilli des rivières de l’Ariège, de la Garonne et du Salat : on en a porté dans le bureau de Pamiers, depuis 1750 jusqu’en 1760, environ quatre-vingts marcs, quoique ce bureau n’ait tout au plus que deux lieues d’arrondissement. Idem, année 1761, p. 197.

  3. M. Pailhès a trouvé dans le Languedoc et dans le pays de Foix quantité de terres aurifères… Il dit que, lorsqu’on creuse dans la haute ou basse ville de Pamiers, pour des